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POSTFACE

Un corpus de mai 68 pour l'histoire au présent

Premier mai 1967. UNEF. Photo Gérard- Aimé.

■ La BDIC organise, du 3 mai au 15 juillet 1988, au Musée d'histoire contemporaine, dans ses locaux de l'Hôtel National des Invalides, une exposition sur Mai 68 et les mouvements étudiants en France et dans le monde.

Pour ce faire, la BDIC a beaucoup d'atouts, sa recherche de documents est constante sur les principales questions qui caractérisent le monde contemporain : les courants politiques et sociaux dans les différents pays et au plan international ; les conflits entre nations, les révolutions, les émigrations politiques, les minorités, le fait colonial, les droits de l'homme... La moisson est abondante et variée ; trente mille documents et pièces iconographiques de tout type sont collectés par an, et l'analyse en est poursuivie, certes

avec de plus en plus de difficultés, mais avec la même énergie.

Mais cela ne saurait suffire et ce n'est pas le moindre mérite de la BDIC que d'avoir compris, depuis sa création, qu'il ne suffit pas de thésauriser pour être utile : au lendemain de la première guerre, les pièces les plus significatives du conflit avaient été présentées et commentées au Château de Vincennes, au bénéfice du plus large public.

Le projet de présenter en 1988, un panorama de Mai 68 et des mouvements étudiants en France et dans le monde avait quelque chose d'excitant ; l'ambition qu'il supposait, de faire oeuvre d'historien, 20 ans seulement après les événements, était- elle démesurée et même hasardeuse ? nous en avons pris notre parti, pensant que nous étions les

mieux placés en France pour tenter l'expérience, et que tous les historiens et chercheurs en sciences sociales, qui nous font habituellement confiance nous aideraient à monter cette difficile opération. Et puis il y avait une autre raison, celle- là plus psychologique et tenant plus à nos «vécus» personnels, c'était pour les plus de trente ans, la première occasion qui nous était donnée de réfléchir à un mouvement d'envergure internationale, à des mouvements grandeur nature que nous avions vécus. Partis du Japon industriel et de l'Ouest des Etats- Unis, dans leur lutte contre la guerre au Vietnam et pour le «Blackpower», ils avaient gagné rapidement l'Angleterre et toute l'Europe occidentale, pour aller se briser contre les chars à Prague. On peut se dire maintenant que c'était une sorte d'immense effort pour retourner aux sources, une migration des idées dans le contre courant, un appel à la libération des carcans et des pouvoirs oppressifs, la révolution vécue comme l'explosion de la jeunesse, comme la condamnation des tabous et de toutes les servitudes.

Les mouvements protestataires des années 60 et 70 ont influencé au moins tout l'Occident ; ils n'ont certes pas bouleversé les régimes politiques des différents pays concernés, seule la France a connu une sorte de vacance du pouvoir, mais ils ont modifié profondément les mentalités, les relations dans les groupes sociaux et professionnels, et la relation de l'individu ou des minorités aux différents pouvoirs. On remarquera en effet, avec plusieurs auteurs de cet ouvrage, que les régimes en place ont été contestés partout et particulièrement dans un pays d'Europe : la France, avec la fin d'un règne.

On remarquera aussi que les mouvements ont souvent pesé sur l'évolution des forces politiques en présence : aux Etats-Unis par exemple,