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Les Provos, 1965-1967

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Les Provos, 1965-1967

■ Ceux qui ont vu mai 68 comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, une aventure inattendue, une colossale surprise dans un monde sans crise (c'est à peu de choses près la thèse de Viansson- Ponté dans son célèbre article d'avril 68) étaient frappés d'une étrange cécité. On pourrait en effet caractériser les années 60 comme celles de toutes les révoltes : émeutes noires (Watts), révolution « culturelle » en Chine, contre-culture US après le mouvement hippie, SDS allemand, etc. Mai 68 en France ne sera que la nova de ces multiples explosions. L'inattendu aurait été qu'il ne se passe rien.

Parmi les soubresauts fondateurs, sur tous les plans, le mouvement Provo hollandais fut un des plus exemplaires - des plus avoués aussi.

Les faits

Les différentes tendances de Provos vont se mettre en place lentement. Le début des années 60 a vu se développer les happenings, les sit-in, les fêtes dyonisiaques à tout propos. Amsterdam, dont la tradition frondeuse et rebelle remonte à plusieurs siècles, n'a pas été en reste. Les Hollandais sont sans doute plus tolérants dans ces années-là que tout autre peuple, en particulier avec sa remuante jeunesse.

Dès 1964, un étonnant personnage, mi-clown, mi-militant écologiste avant la lettre, Jaspar Groot- veld, réalise des happenings, une fois par semaine, à minuit, sur le Spui (la grande rue centrale de la ville), devant la statue du Lieverdje, le « petit galopin » équivalent du Manneken Pis belge ou d'un Poul- bot. Le centre de son action est la lutte anti-tabac, mais aussi antipollution et l'alternative d'une vie saine. Grootveld s'agite beaucoup dans son « Centre magique », un lieu important pour la contre-culture.

D'un autre côté, quelques jeunes gens politisés créent un groupe, encore informel, vers mars 1965. Il y a là Rob Stolk, qui édite un petit journal éphémère, Roel Van Duyn, remarquable agitateur, l'anarchiste bien connu Rudolf De Jong, un joyeux luron nommé Hans Tuynman, Martin Lindt et Gert Kroeze - pratiquement ceux qui seront les Provos de base. Van Duyn rencontre Grootveld au Magies Centrum et participe bientôt avec Stolk à ses activités, aux happenings du Spui. Le groupe Provo est né, de la fusion des alternatives «politiques» et « artistico- écologistes », qui resteront le cœur du mouvement. Nous sommes en mai 65, le journal-tract Provokatie est distribué. Parmi ceux qui rejoignent le mouvement, l'ingénieur Luud Schimmelpenninck, dont le sérieux et l'imaginaire technologique seront essentiels.

Il manque une cause unificatrice. Voilà que la princesse héritière Beatrix se fiance avec un jeune roturier allemand, Claus Von Amsberg. Ce dernier, dans sa jeunesse, a été soldat dans l'armée nazie. La presse le révèle. Il est le futur prince consort, pilule dure à avaler dans une ville qui a tant souffert de l'occupation. Le mouvement Provo lui-même commence le jour de la première visite de Claus (3 juillet 65), en bateau. Le lancer symbolique par le provo Jan- Huib Blans d'un numéro de Provokatie du haut du pont Kaisergracht manifeste pour la première fois la réalité du groupe.

La revue Provo, organe du mouvement, naît. Van Duyn y publie le Manifeste Provo, thèses de base, tandis que vont y paraître les « plans blancs », projets alternatifs étonnants d'imagination, entre délire poétique et écologie bien réfléchie. Il y aura des plans « vélos blancs » (vélos municipaux utilisables sur abonnement), « cheminées blanches » (anti-pollution), oeuvres de Schimmelpenninck, « femmes

ches » (un des premiers textes féministes modernes, retentissant, écrit par Irène Van de Weetering), « maisons blanches » (squatts), « poulets blancs » (police), « cadavres blancs » (contre les chauffards), un plan de gestion d'Amsterdam (par M. Lindt), etc.

Le groupe est rejoint par un tenancier de kiosque nommé Olaf Stoop (qui fondera peu après la Real Free Press, maison d'édition essentielle à la diffusion de la contre-culture en Europe). Il glisse des numéros de Provo dans ceux du Telegraaf (équivalent de notre Figaro). La police pourchasse les diffuseurs et afficheurs. Les arrestations tombent, aucun des leaders n'y échappera.

Les premiers vélos blancs font leur apparition. La police coffrera tout ce qui roule sur du blanc, même non-provo.

Le ton du conflit durcit après un premier blessé (un policier). La répression est à l'image de l'époque : brutale face à une révolte qui ne l'est pas. Cela rendra très populaire le mouvement. L'action des Provos est plus symbolique qu'autre chose. Ils s'en prennent aux monuments colonialistes, à la famille d'Orange : ils distribuent par exemple un faux « Discours du Trône » où la reine Juliana explique que, devenue anarchiste, elle abdique en donnant ses palais aux mal-logés. Ils touchent là au problème crucial de la ville: plus de logements libres, mais des milliers de maisons abandonnées, condamnées par. des promoteurs avides de profits rapides.

La fin de l'année voit de nombreuses arrestations : Van Duyn, par exemple, pour avoir suivi la princesse Beatrix dans la rue.

Le mariage Beatrix-Claus a lieu le 10 mars 66. Les provos modérés (Comité Provo-Orange ou Perle du Jourdain) ont bien préparé l'anti- cérémonie. Au sein d'une population peu enthousiaste, alors que la communauté israélite (importante) boy-

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