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Libéraux, socialistes et anarchistes espagnols devant les événements russes de 1917

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Fait partie d'un numéro thématique : L'Espagne, 1900-1985

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Libéraux, socialistes et anarchistes espagnols devant les événements russes de 1917

C'est un lieu commun que de dire Ique les événements survenus en 1917 - La révolution dite d'octobre et de manière adjacente celle de février - ont eu un retentissement dans l'Europe entière, qui fit que rien ne fut plus comme avant : le mouvement ouvrier prit conscience de sa force, les partis réformistes se déchirèrent jusqu'à la scission, et les conservateurs purent enfin voir se confirmer leurs craintes de bouleversements sociaux sans précédent. Tout ces éléments se retrouvent lorsqu'on analyse les réactions qu'ont suscitées en Espagne les événements de mars et de novembre 1917.

Les positions conservatrices sont sans ambiguïté, et se résument en une condamnation unanime, sans nuance, étayée et relayée particulièrement par l'affirmation de valeurs traditionnelles hispaniques, dans un pays qui depuis le XVIe siècle, suivant l'idéal forgé par Charles Quint, s'était fait le champion de la contre-réforme et de la défense du catholicisme. L'historien n'y trouve aucune surprise, aucun élément inattendu. En revanche, les réactions des libéraux, celles du mouvement ouvrier et des forces progressistes, en premier lieu celles des Anarchistes, revêlent un intérêt particulier ne serait-ce que par les débats qui ont été lancés de façon interne et relayés ensuite par de grands organes de presse.

Les grandes lignes de l'attitude des Libéraux apparaissent, essentiellement sous la plume de Ciges Aparicio et Luis de Tapia, dans leur principal organe de presse, El Imparcial. Dès le 6 mars, les événements sont accueillis favorablement ; les premiers titres - Revolution triomphante - Abdication du tsar en Russie - L 'armée unie au peuple - ne sont pas neutres. L'événement est perçu comme un fait politique majeur. L'éditorial du 1 7 déplore que la situation politico-sociale des dernières années en Russie n'ait pas retenu davantage l'attention des Espagnols : " c'est pour cela que la révolution a été une surprise, qu'une meilleure connaissance de ce qui se passait dans ce pays aurait pu nous éviter ". En fait, la prise de position favorable aux révolutionnaires est surtout dictée par des considérations en rapport avec le conflit européen, vis à vis

'duquel l'opinion espagnole est divisée : d'un côté, l'Armée, l'Eglise, et les conservateurs regardent vers l'Allemagne, voyant en une victoire des Empires centraux la possibilité de recouvrer Gibraltar ; de l'autre, les libéraux, les Basques et les Catalans appuient les Alliés. Au vu de ces tensions internes, le gouvernement choisit la neutralité. Ce clivage à propos du conflit se" retrouve dans les prises de position libérales, qui voient dans le mouvement révolutionnaire russe une volonté de continuer la guerre, et par là même une possibilité supplémentaire d'affaiblissement de l'Allemagne. Cela se dessine le 1 7 mars, c'est encore plus visible par la suite. Les libéraux se réjouissent de voir la chute d'un pouvoir conservateur et oligarchique dans un pays en lutte aux côtés des démocrates européens contre l'Empire germanique. C'est la fin d'une situation antinomique ; il est maintenant possible d'assimiler le régime russe aux régimes parlementaires des Alliés. L'accent n'est pas mis sur les germes que peut contenir la révolution de février. Ce qui importe, c'est la chuté du tsar et du symbole politique, économique et social que représentait la couronne. Février 1917 en Russie, c'est juillet 1 789 en France. En outre, il convient de souligner que la situation est vue à travers le prisme des réactions française et anglaise. Une illustration de cet intérêt porté par les libéraux aux conséquences de la révolution sur le déroulement de la guerre ainsi qu'aux réactions européennes est fournie par l'éditorial de l'Imparcial du 17 mars :" Toute la presse anglaise se félicite du mouvement révolutionnaire, qu'elle considère comme un grand soutien pour l'Empire et ses alliés ; le Daily News estime que c'est le plus grand coup qui ait été asséné à l'Allemagne. Ainsi disparaissent pour toujours les espoirs qu'a l'ennemi de voir la Russie trahir la cause alliée. Cette révolution n'est pas antidynastique, ni antimonarchique, ni antiaristocratique ; elle est purement et simplement antiallemande. " Le rôle de l'Allemagne permet même à certains commentateurs d'expliquer le soulèvement, et un observateur, anonyme, mais présenté comme un voyageur illustre de retour de Russie, estime que " la situation actuelle est due à l'influence constante de

magne qui se serait assuré le concours d'éléments réactionnaires russes, ennemis d'un régime libéral, et qui mettaient leurs espoirs dans la Prusse ".

Cependant et c'est là la seconde caractéristique de la perception libérale, commence à se faire sentir, à partir d'avril, une évolution qui deviendra de plus en plus nette au fil des jours. El Imparcial projette une vision plus critique de la révolution. L'adhésion est moindre. Une incertitude règne sur l'avenir, sur caractéristiques du futur régime, envers lequel il existe une certaine méfiance. Il y a de la part des éditorialistes la prévision de futurs déchirements. Le départ est fait entre d'un côté la Douma, qui représente le gouvernement, et de l'autre le Comité, émanation du peuple et des soldats. La prise de position est très nettement en faveur de la Douma, contre l'attitude du Comité qui aspirerait à une paix séparée. A la référence initiale à un seul bloc gouvernement-peuple- armée, se substitue une tentative de différenciation des forces motrices. Si la Douma est mieux traitée, c'est parce qu'elle représente la traduction d'une idéologie, la démocratie formelle parlementaire, bourgeoise, tandis que le Comité correspond à la montée des mouvements révolutionnaires. Ce dernier point, très clairement perçu par Ciges Aparicio, est rejeté car non conforme à l'idéologie dominante espagnole, qui craint des remous en Espagne à un moment où les mouvements nociaux prennent de plus en plus d'importance. Aussi est-il question dans El Imparcial d'" action dangereuse ", d'" éléments exaltés de la société russe ", de " tempête révolutionnaire ", termes révélateurs quant aux jugements portés sur le Comité et ceux qui ont " réalisé la révolution ". Dès lors, il y a dénonciation d'un changement de régime trop radical ; crainte dont Ciges Aparicio se fait l'écho au fil de ses éditoriaux et qui se caractérise par deux éléments ; l'éventualité de l'établissement d'une paix séparée, et l'influence grandissante de Lénine. Si Ciges Aparicio dénonce l'anarchie qui s'étend dans les campagnes, c'est avant tout parce que la similitude des structures socio-économiques agraires des deux pays lui fait craindre des répercussions dans la péninsule. Mal-

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