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Chamfort, Éloge de La Fontaine

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Fait partie d'un numéro thématique : Portraits de Jean de La Fontaine
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Chamfort, Eloge de La Fontaine

Le 25 août 1774, l’Académie des belles-lettres, sciences, et arts de Marseille décernait son prix annuel à Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort (1741-1794) pour son Éloge de La Fontaine. Alors âgé de trente-trois ans, le lauréat avait été couronné cinq ans plus tôt par l’Académie française pour son Éloge de Molière (1769), où il s’était déjà distingué de ses rivaux, J. -Fr. de La Harpe et J. -S. Bailly. Outre la récompense habituelle décernée au vainqueur, Chamfort reçut une somme de cent livres délivrée par un donateur étranger qui tenait à garder l’anonymat : derrière ce «citoyen du monde » qui «offre un prix volontaire » à qui aurait le mieux loué le fabuliste, comme le précise Fr. de Neufchâteau dans une ode composée à cette occasion, se cache en réalité le banquier Necker. Les deux autres éloges récompensés furent rédigés par La Harpe, à qui le riche financier espérait que la somme reviendrait, et G.-H. Gaillard, qui dut se contenter de la troisième place. A leurs côtés se tenaient encore J.-A. Naigeon, dont la contribution fut mal accueillie, et un curieux candidat qui saisit cette occasion pour publier après le concours une pièce critique adressée au fabuliste-conteur : Voltaire. «Avez-vous lu les Eloges de La Fontaine par La Harpe et par Chamfort ? Je voudrais qu’il vous prit fantaisie d’en faire un, non pas pour le prix mais pour mon plaisir », lui demanda Mme du Deffand, alors que le résultat venait d’être annoncé. C’est ainsi qu’en réponse à cette invitation, Voltaire composa un singulier ouvrage en deux volets : un conte en vers, Le Dimanche, ou les Filles de Minée, libre imitation d’Ovide et de La Fontaine, suivi d’une épître en prose — l’ensemble formant un diptyque publié en un seul volume en 1775, sous le plaisant pseudonyme de «M. de La Visclède, secrétaire perpétuel de l’Académie de Marseille ».

Reprenant l’ancienne tradition des J eux floraux et des Puys de Palinods et poursuivant la mode des prix d’éloquence, inaugurée par l’Académie française, ces concours s’inscrivent dans le cadre des compétitions organisées par les Académies de province, qui diffusèrent leurs Lumières à travers le pays tout au long du XVI1P siècle. À compter précisément de la décennie 1750, l’éloge de Louis XIV, décerné le jour de la Saint-Louis, commença à susciter les sourires complices d’académiciens ralliés aux idées nouvelles : l’apologie des «grands hommes » de la nation se substitue dès lors à l’éloge du «Roi très chrétien ». Cette profonde mutation des pratiques académiques ouvrit une carrière nouvelle à l’éloquence : renouvelant l’imaginaire illustré par l’oraison funèbre et la vie de saint, ce processus de laïcisation inaugura une parole civique institutionnelle et une autre forme d’exemplarité, où la grâce jadis accordée au héros se mua en un enthousiasme plus propre à cerner le génie contemporain. C’est A.-L. Thomas, le premier orateur à connaître les applaudissements nourris et répétés de l’assemblée, qui se fit l’historien et le théoricien de cette forme d’éloquence civique et républicaine : «Des hommes estimables pensent que les meilleurs modèles de ces sortes d’ouvrages sont ou les vies des hommes illustres de Plutarque, ou les éloges des savants de Fontenelle ; c’est-à-dire qu’ils voudraient un simple éloge historique, mêlé de réflexions, sans qu’on se permît jamais ni le ton, ni les mouvements de l’éloquence. Ils sont persuadés que l’écrivain, borné au pôle d’historien-philosophe, doit mieux voir et mieux

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Présentation

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