PRÉHISTOIRE DE LA POLYNÉSIE
Des recherches récentes, fondées sur des preuves linguistiques et archéologiques, •éclairent désormais la préhistoire de la Polynésie d'une lumière nouvelle.
On peut maintenant démontrer le mal-fondé de quelques-unes des théories avancées pour expliquer l'origine et la dispersion du peuple et de la culture polynésienne, d'autres théories se trouvant confirmées par ces nouvelles connaissances. On accordait auparavant un grand crédit à ce que l'on croyait être des traditions transmises à travers les temps. Nous savons aujourd'hui que beaucoup d'entre elles ont été considérablement influencées par des apports extérieurs et par des idées acquises pendant la période de contact post-européen. On ne saurait donc s'y fier.
Pendant ces dernières années, la recherche archéologique s'est étendue de Hawaï, dans le Nord et de la Nouvelle-Zélande, dans le Sud vers les îles de la Polynésie tropicale afin de recueillir de nouvelles données susceptibles de révéler la durée de l'occupation de l'homme et la succession des cultures depuis le commencement de leur histoire.
Grâce en particulier aux efforts du Bishop Museum, entre 1920 et 1950, on a procédé à de nombreux relevés des structures de surface et à des descriptions de matériel lithique aux Hawaï et en Polynésie du Sud-est, sans fouille importante ni analyse complète des objets collectés. Depuis 1950, bien que l'on ait remué un cubage relativement faible et que l'étude approfondie de ces objets ait à peine commencé, les résultats obtenus ont accru notre connaissance et notre compréhension de la culture préhistorique, bien au delà de ce que nous savions précédemment. (Emory, Bonk, Sinoto, 1959 ; Emory, Sinoto, 1960-1964 ; Cowa, 1958, 1960).
Ayant pu déterrer ou détecter des objets travaillés qui diffèrent de ceux de la période historique et qui appartiennent aux époques antérieures, nous sommes en train de découvrir dans le centre de la Polynésie de l'est, c'est-à-dire aux Marquises, dans les Iles de la Société et dans les îles adjacentes, des herminettes, des hameçons et d'autres objets à la fois de plus en plus similaires entre eux, et proches de leurs équivalents de la Polynésie de l'ouest (Tonga, Samoa) au fur et à mesure que nous arrivons à remonter plus loin dans le passé (Emory, Sinoto, 1964).
Nous constatons également que les développements postérieurs des formes les plus anciennes ont atteint les Hawaï et la Nouvelle-Zélande dès leur histoire (Sinoto, 1962). Ceci confirme la conclusion dérivée de l'analyse du langage (glotto- chronologie) et suivant laquelle ces îles ont été peuplées par des hommes venus du centre de la Polynésie orientale (Emory, 1963 b). En outre, les fouilles commencées en Polynésie occidentale ont permis de trouver dans les couches stratifiées les plus basses des herminettes dont les formes sont analogues à celles des herminettes les plus anciennes de la portion centrale de la Polynésie orientale, confirmant ainsi de nouveau la conclusion résultant de l'étude linguistique, à savoir que l'est de la Polynésie Est a été peuplée par une migration originaire de la Polynésie occidentale.
On peut désormais fournir quelques précisions relatives à l'histoire de la Polynésie. Il a été établi que la culture hawaïenne la plus antique se relie à celle des
