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Les plantes à rolenone en Amazonie.

Par M. Paul LECOINTE.

Gomme dans toutes les régions de la zone tropicale, II existe, dans les immenses forêts de l'Amérique centrale et de la partie septentrionale du continent sud-américain de nombreuses espèces de plantes ichtyotoxiques, désignées d'une façon générale par les noms de bar- basco, dans les pays de langue espagnole, timbô, tingui, oucunambi, en territoire brésilien, nicou, ou nivré,en Guyane française, haiari, en Guyane anglaise, et nékoé, en Guyane hollandaise.

C'est ainsi qu'en Amazonie, malgré la prohibition légale, l'empoisonnement des petites rivières par les timbôs est encore pratiqué très souvent, dans le but de capturer, rapidement et presque sans travail, une grande quantité de poisson. Suivant los localités, les plantes utilisées varient beaucoup : ce sont des herbes, des arbustes, des lianes ou même des arbres, qui appartiennent à diverses familles botaniques et dont les propriétés toxiques sont dues soit à des alcaloïdes, à des glucosides ou à des saponines, soit à de nombreux produits encore mal déterminés. Ces plantes étaient considérées comme n'ayant aucune valeur économique.

C'est au Japon que fut isolé pour la première fois le principe actif d'une plante ichtyotoxique d'action très violente, le Derris elliptica Benth., dont on avait aussi reconnu depuis longtemps les propriétés insecticides; ce principe actif fut appelé tout d'abord tubatoxine, du nom japonais toeba de la racine de Derris, mais ce nom a été généralement remplacé par celui de roténone.

Bien vite l'importance de la roténone comme insecticide agricole provoqua la recherche et la découverte de plusieurs espèces de Derris, en Chine, en Indochine, au Siam, en Malaisie et jusqu'en Nouvelle- Guinée, puis leur culture aux Indes et en Malaisie. Aux Etats-Unis où, dans les grandes entreprises agricoles, l'emploi, comme insecticides, de composés arsenicaux, provoquait de nombreux accidents, fréquemment mortels, on ne pouvait pas manquer de s'intéresser vivement au nouveau produit dont on avait constaté la presque complète innocuité pour l'homme et pour les animaux domestiques dans les conditions pratiques de son application à la protection des fruits et des plantes alimentaires en général contre les insectes parasites, et, en 1933, plusieurs Américains vinrent à Belem afin de s'enquérir de l'existence, dans