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Kaoucen et le siège d'Agadès, 1916-1917.

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Année 1972 42-2 pp. 193-195
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J. de la Soc. des Africanistes

XLII, 2, 1972, p. 193-224.

MÉLANGES ET NOUVELLES

KAOUCEN ET LE SIÈGE D'AGADÈS, 1916-1917.

Les années 1905-1906 furent une période d'explosion au Soudan central. Partout le mécontentement grondait : une recrudescence de fanatisme religieux venait de s'emparer d'importantes régions musulmanes au Wadaï, au Nigeria et au Niger. Dans ce dernier pays, l'administration française réussit à maîtriser la situation assez rapidement. Mais ce ne fut que partie remise, car le monde nomade, fluide et donc difficilement contrôlable, demeurait dans un état d'effervescence quasi permanente. En 1916, la révolte de Fihroun, Aménokal des Iwillimidan de l'Ouest qui mit le siège devant Filingué, troubla la tranquille assurance de l'autorité française. Mais déjà la guerre faisait rage en Europe. La France, dont les efforts furent alors sollicités de toutes parts, ne put éviter de dégarnir ses garnisons installées autour du Sahara central : les Touareg se sentirent désormais à l'aise. Les rapports qui les liaient aux Français allaient entrer dans une nouvelle phase.

Les Touareg savaient parfaitement que les Italiens avaient fui Ghât abandonnant sur place armes et munitions, et que les Français avaient perdu à leur tour Djanet, à 800 km au nord de l'Aïr. A leurs yeux, la supériorité de l'homme blanc sur les autres races commença dès lors à se muer en mythe. Ce fut un des leurs, Kaoucen, qui fit le siège du poste français d'Agadès, du 13 décembre 1916 au 3 mars 1917. Quatre-vingt-un jours qui furent pour la France l'un des moments les plus critiques qu'elle ait connus, en Afrique, durant la première guerre mondiale.

Kaoucen, Targui de la tribu Ikaskazan, mécontent de l'installation française au Niger, quitta son pays au début du siècle pour se rendre successivement au Borkou et au Fezzan avec ses partisans. Ses qualités guerrières le signalèrent rapidement à l'attention du chef sénoussiste Sidi El Abed qui fit de lui l'un des ses principaux chefs militaires. La Sénoussia venait de prêcher la guerre sainte, en octobre 19 14, à Koufra. Ce fut justement dans le cadre de cette jihad que Kaoucen reçut la mission de descendre dans l'Aïr et de s'emparer de la garnison française d'Agadès. Il entretint, bien avant de revenir dans l'Aïr, une correspondance assez régulière avec les chefs de plusieurs tribus touareg, mais aussi et surtout avec le sultan d'Agadès, Abdelrahamane Tégama. Très tôt, ce dernier accepta d'être l'allié de Kaoucen, en dépit d'ailleurs de l'opposition de ses marabouts et de son confident et principal collaborateur, le Tourawa Mêlé qu'il finit par faire assassiner. Pour accueillir Kaoucen et ses hommes, Tégama fit construire un palais encore visible de nos jours à Agadès г. Homme malicieux, diplomate avisé, Tégama réussit sans trop de peine à entrer dans l'intimité du Commandant français de la place, le capitaine Bosch, dont il devint le véritable homme de confiance. Le capitaine poussa l'insouciance jusqu'à négliger les informations pourtant fort importantes que lui communiqua le Commandant du Territoire Militaire du Niger, et selon lesquelles le Sultan Ahmoud qui régnait à Ghât et dont les troupes venaient de reprendre Djanet, cherchait à faire jonction avec le chef sénoussiste El Abed. Le Chef du Territoire militaire prescrivit alors au capitaine Bosch de prendre toutes les mesures qui s'imposaient pour accroître la valeur défensive du poste français d'Agadès afin de le mettre à l'abri de toute attaque. Le Commandant d'Agadès ne fit rien et lorsque le Ier décembre 1916 son successeur, le capitaine Sabatié, prit le poste, il le trouva « ouvert à tous les vents ». Mais très vite le capitaine Sabatié renforça la défense de sa garnison.

1. Il s'agit de l'actuel « Hôtel de l'Aïr ». Société des Africanistes.

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