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L'accès aux soins des étrangers en situation précaire

[article]

Année 2000 1225 pp. 88-93
Fait partie d'un numéro thématique : Santé, le traitement de la différence
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L'accès aux soins des étrangers

EN SITUATION PRÉCAIRE

J'ai fait la connaissance d'A. en février 1998, à Casablanca. Malade du sida, elle avait été expulsée vers le Maroc en 1994. Vivant depuis l'âge de deux ans en France et mère d'un enfant français, elle ne par¬ lait pas le marocain dialectal avant son expulsion mais l'avait appris depuis. Elle n'était jamais allée au Maroc depuis l'émigration de ses parents en 1964. Son cas est exemplaire d'une situation, celle de la "double peine" (voir encadré ci-contre ), ici aggravée par une mala¬ die mortelle pour laquelle les traitements ne sont pas disponibles dans les pays où sont renvoyés les étrangers victimes de cette mesure.

D'autres cas de "double peine" expulsés de France, d'Espagne ou de Belgique étaient présents au CHU de Casablanca ou dans les locaux de l'Association marocaine de lutte contre le sida. Des gens qui, pour la plupart, s'étaient mariés, avaient eu des enfants, parfois sans jamais avoir osé parler de leur séropositivité. Cependant, c'est le parcours d'A. que nous allons décrire. D'abord parce qu'il illustre nombre d'as¬ pects qu'occulterait une approche strictement médicale, juridique ou "exotique''�1) des questions relatives à l'accès aux soins des "étran¬ gers" en France. Ensuite parce que c'est la seule personne concer¬ née, parmi celles que j'ai rencontrées, qui a voulu et réussi à rentrer dans ce qu'elle considère comme son pays, les autres n'en ayant pas eu l'envie, les moyens ou la possibilité®. Enfin, parce qu'au-delà du cas particulier, c'est la fréquence de ce type de situation qu'il faut souligner. Cette fréquence tient aux liens connus entre les pratiques d'injection de stupéfiants et le risque d'infection au VIH, ainsi qu'à ceux, plus rarement abordés, entre la pénalisation des usagers de drogue et leur nationalité®. À ceci s'ajoute la pratique, courante dans les tribunaux, de la délivrance d'une interdiction du territoire fran¬ çais, laquelle, après avoir signifié, jusqu'en 1997, expulsion ou clan-

par

Sandrine Musso-Dimitryevic,

doctorante à l'École

des hautes études en sciences sociales (EHESS), Paris

1)-Pour une approche "exotique" et une étude décontextualisée des représentations du sida au sein des populations étrangères, voir T. Nathan, C. Lewertovski, Le virus et le fétiche, Odile Jacob,

2)-Certaines de ces personnes sont décédées. L'accès aux trithérapies

est possible au Maroc depuis la mi-1999. La mise sous traitement a eu lieu au "compte-gouttes" depuis 1996, pour les personnes ayant les moyens financiers d'acheter l'antiprotéase.

3)-Pour usage illicite de stupéfiants, 55,8 %

des étrangers, contre 23,3 % des Français, feront de la prison ; voir F. L. Mary, P. Tournier, "La répression pénale de la délinquance des étrangers en France", Le Croquant, n° 22, deuxième semestre 1997.

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