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Entre le mythe technologique et l’impasse économique :
L’électricité agricole avant 1914
Thierry Nadau
«Quoique nous n’ayons pas couru le monde et vécu long¬ temps dans Paris, la grande ville, nous ne sommes point dans notre trou de province, aussi arriérés que vous sem-blez le croire. Vous ne nous trouverez pas indifférents ni aux choses de l’esprit ni aux progrès de la science. (a) »
L’homme nouveau, mis en scène dans ce reportage romancé, adepte de la modernisation et informé de ses plus récentes conquêtes, désigné par ses capacités pour être l’exemple vivant qui transformera les mentalités attardées, refuse de se cantonner dans les villes où l’électricité stimule le faste et le gigantisme (2) . Il se tourne vers les campagnes où elle se transforme en une invention productive à la dimension de l’individu. La «Maison électrique » n’y est pas seulement parée de l’éclairage. Sur sa façade, un treuil électrique monte les sacs de farine au grenier ; dans les champs la charrue tire sa puissance d’un moteur élec¬ trique ; dans le potager des tomates rougissent plus vite grâce à l’électroculture. Le beau s’y confond partout à l’utile. L’agricul¬ ture ne doit plus être pour l’homme instruit et responsable de la fin du XIXe siècle l’activité traditionnelle des campagnes, mais
(1) C.-J. Montillot, La MaUon électrique, Paris, 1893 [B.N. : 4° V 3576].
(2) «L’électricité était alors l’apanage de la grande usine aux savants et méthodiques rouages, dociles sous la conduite d’ingénieurs et d’ouvriers experts ; c’était aussi le décor brillant des demeures luxueuses », A, Petit, Electricité agricole, Paris, 1914, Encyclopédie Wéry [8° S 14926].
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