Du sang, du sperme et des larmes
Gertrud Koch
Le long documentaire BeFreier und BeFreite *. Guerre, viols, enfants, de Helke Sander a, comme on dit si bien, divisé l'opinion. Les un(e)s la rangèrent parmi les révisionnistes, les autres l'absolvèrent de tout crime, au nom de la liberté cathartique des tabous brisés. En novembre 92, il y eut, à propos de ce film, dans la Frankfurter Rundschau, et pas seulement entre Helke Sander et moi, une polémique publique. Aux États-Unis aussi, le film divisa l'opinion, suscitant une approbation passionnée chez les un(e)s, un rejet violent chez d'autres. J'aimerais développer ici quelques arguments étayant ma position critique, car il me semble que le débat sur les rapports entre le féminisme et l'histoire est tout à fait crucial aujourd'hui.
Le corps de l'État, du peuple-nation, des femmes
Au cours de ces dix dernières années, le débat féministe est passé de positions radicales et manichéennes, apparemment nécessaires comme lors de toute phase fondatrice supposant un bouleversement des paradigmes politiques et théoriques, à un éventail de positions bien plus nuancées. Ce faisant, le féminisme a pris pour objet des domaines du savoir et de l'histoire jusqu'alors hors limites afin de mettre un terme aux contre-vérités qu'ils colportaient Ce n'est bien sûr pas un hasard si
Les Cahiers du Grif 117