TOURISME ET PRODUIT TOURISTIQUE A LYON
par Janine RENUCCI
Il paraît évident que toutes les grandes villes, en particulier les agglomérations millionnaires, possèdent une fonction touristique, plus ou moins discrète ou envahissante.appuyée sur le noeud de relations, la vitalité économique ou le rayonnement culturel, entretenue par la masse démographique qui encourage la multiplication des équipements distractifs et commerciaux. Des capitales prestigieuses aux cités plus modestes, les exemples foisonnent. Los Angeles et Singapour, Montréal et Budapest, Tunis et Turin.... ont bénéficié, à ce titre, d'études fort sérieuses (1). Pourquoi donc ne pas y associer la seule métropole provinciale française s 'ajoutant à la série des "Eurocités", les puissantes métropoles non capitales de l'espace européen, la seule jugée digne de figurer après Hambourg, Francfort, Rotterdam, Munich, Milan et Barcelone ? (2).
Pourtant, l'animation touristique de Lyon, lieu de passage et de convergence tout au long d'une histoire bimillénaire, est restée mal affirmée jusqu'à nos jours. Malgré les trois étoiles flatteuses dont la gratifie le Guide Michelin, et son classement de "ville d'art" acquis en 1978. Contradiction ou mépris ? Poids excessif de la ville industrielle et de la ville d'affaires suscitant une image de marque rébarbative ?.. Quoi qu'il en soit, alors que s'intensifiait le tourisme de masse qui engendre à ses portes, même dans ses murs, des flux paralysants, au temps des vacances, il semble qu'un changement soit intervenu grâce à une prise de conscience progressive et un effort de valorisation simultané des atouts urbains. Les responsables commencent à parler de "Lyon, produit touristique vendable" (3). Evolution récente dont les résultats demeurent partiels. A quoi tient cette mutation ?
I — La dynamique du changement
Un faisceau d'initiatives locales
La fabrication d'un produit touristique suppose la mobilisation d'un ensemble d'éléments représentant l'offre, ainsi que la volonté de les vendre en recherchant des clientèles-cibles. Elle repose donc sur une gamme d'actions variées suscitées par les professionnels, agences, autocaristes tours-opérators, autant que par les services officiels du Tourisme, se lançant conjointement dans une politique décidée de marketing. L'apparition d'un produit touristique lyonnais résulte ainsi d'un faisceau d'initiatives privées et publiques, les unes entraînant ou épaulant les autres.
Dans cette période-tournant, l'Office du Tourisme qui assume également la charge de Comité Départemental du Tourisme du Rhône, a accompli une tâche importante. Stimulé au départ par la volonté d'une nouvelle équipe municipale, il a été entrainé par l'impulsion d'un conseil d'administration décidé, comptant au nombre de ses membres, des représentants de la Chambre de Commerce et d'Industrie ainsi que de l'Association pour le Développement de la Région Lyonnaise (Aderly). Le changement s'est amorcé en 1979 avec la publication des "Regards sur le Tourisme Lyonnais" (4) ; ils contiennent la première étude consacrée à cette activité, jointe à une "Charte pour le Tourisme à Lyon". Déclaration d'intention aboutissant à un programme efficace certes, mais aussi témoignage du "consensus des élus municipaux, communautaires, départementaux et consulaires", désireux de "promouvoir la ville" et de favoriser "la conquête du