(îeneses jy, dec. Kj(j(j. pp. 93-113
COMMANDE
PUBLIQUE
D'ARCHITECTURE
ET SEGMENTATION
DE LA PROFESSION
Au début des années 1980, des architectes auparavant exclus de la commande publique nationale ont été désignés par des ministères ou des administrations pour concevoir d'importants édifices publics. Ce changement concernant les destinataires de la commande est à la fois un indice d'une inflexion très significative des politiques architecturales menées par ces grosses administrations, et l'origine de bouleversements sur le marché du travail des architectes: les nouvelles attentes des administrations, en provoquant le renouvellement du vivier des maîtres d'œuvre qui travaillent pour elles, ont fortement modifié les occasions de travailler qui se présentent aux architectes en fonction de leur profil, ainsi que la valeur relative sur ce marché des compétences très diverses détenues par les professionnels. En conséquence, dans ce cas comme dans d'autres, les critères de choix des architectes par les administrations constituent un enjeu important pour les membres de la profession, et ce d'autant plus que la commande publique est plus prestigieuse que la commande privée1. Nombreux sont ceux qui espèrent ainsi pouvoir exercer leur profession pour des commanditaires publics, et leurs ambitions rendent très âpre la concurrence pour la maîtrise d'œuvre de bâtiments publics, qui en 1996 représentait 38.2 % des travaux déclarés à la Mutuelle des architectes français par ses adhérents2. Ce changement donne ainsi l'occasion d'étudier comment les choix des administrations
D'ARCHITECTE
LES EFFETS
DE L'ORGANISATION
ADMINISTRATIVE SUR LA
REPARTITION DU TRAVAIL
ENTRE ARCHITECTES
Florent Champy
1. C'était déjà vrai il y a 25 ans: voir Raymonde Moulin. Françoise Dubost. Alain (iras, Jacques Lautman, Jean-Pierre Martinon. Dominique Schnapper, Les Architectes, métamorphose d'une profession libérale, Paris, ("almann-Lévy. 1473. Malgré un début de réhabilitation de l'architecture privée à la fin des années 19<S(). beaucoup d'architectes et de critiques continuent à présenter la commande publique comme le seul lieu possible d'une architecture de « qualité », par opposition aux commandes privées ou les motivations financières des maîtres d'ouvrage sont perçues
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