IV - Les coquillages marins de Saint-Thibaud-De-Couz
Yvette Taborin*
Les 24 coquilles récoltées proviennent des niveaux magdaléniens et mésolithique. L'inventaire en est donné dans le tableau LXII.
Parmi les 18 coquilles de Turri telles, 9 ont été trouvées hors stratigraphie dans une zone remaniée, au voisinage immédiat de la couche 9 à laquelle elles se rattachent incontestablement. Un exemplaire présente une perforation (fig. 72) obtenue par usure latérale sur le bord d'une cassure (donc réalisée après fracture de la pièce), un autre montre une abrasion qui s'étale sur trois tours de spire mais sans perforation.
Les coquillages de la couche 9 posent le problème de leur origine. Ce sont des fossiles éocènes et oligocènes dont les espèces sont rarement utilisées au Magdalénien, même dans le Bassin parisien.
Turritella imbricataria Solander et Turritella granulosa Deshayes : détermination M. Lapierre, P. Lozouet et D. Merle (fig. 72, nos 1, 2).
Détermination et origine
La couche 9 en place et la zone de glissement qui lui est rattachée ont livré 18 Turritelles fossiles. La série n'est pas totalement homogène bien qu'il puisse s'agir du même groupe spécifique : Turritella imbricataria Solander. Les variations dans l'aspect du décor et dans la convexité des spires telles qu'elles subsistent suggèrent, d'après M. Lapierre, de diviser cette série en 8 Turritella imbricataria et 10 Turritella granulosa Deshayes. Cette dernière proposition pose un problème tant que les marges de variations de T. imbricataria ne seront pas précisées.
Turritella imbricataria est particulièrement bien connue dans le Lu té tien. Elle existe dans le Priabonien. Par ailleurs, J. Boussac (1912) avait ramassé Turritella carinife- ra (devenue depuis T. imbricataria dans la nouvelle nomenclature) à La Vire d'Argentine et aux Martinets. Turritella granulosa, ici à la limite du type, n'ajoute rien à la question de la provenance des exemplaires, puisqu'elle partage les mêmes gîtes que T. imbricataria.
Description
Les Turritella imbricataria sont toutes fracturées. La plus longue, à laquelle il manque les 3 ou 4 premiers tours de spire, mesure 31 mm de long en l'état. Les diamètres varient entre 6 et 9 mm.
L'une d'entre elles a été volontairement perforée (orifice 3 mm x 2,5 mm) par abrasion limitée sur le dernier tour de spire. L'ouverture naturelle porte une trace d'usure peut-être due au lien de suspension. Une autre Turritelle montre une usure latérale par frottement qui affecte la convexité de quelques spires.
L'autre groupe est également très fracturé. Les diamètres varient de 5 à 7 mm. Curieusement les Turritelles les plus fines ont conservé leur pointe. Aucune ne semble avoir reçu une perforation mais les zones habituellement perforées ont disparu par fracture.
La forme de ces coquilles facilite une attache par simple ligature, mais les fractures qui affectent les parties médianes particulièrement solides me semblent sans relation avec un éventuel usage en parure. Par contre, l'usure du test qui est très prononcée pourrait bien être d'origine postextraction.
* Centre de Recherche Préhistorique, Institut d'Art et d'Archéologie, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 3 rue Michelet, 75006 Paris.
Gallia Préhistoire, 37-1995, p. 317-320, © CNRS Éditions, Paris 1996
