LA GROTTE ORNÉE DE COMARQUE A SIREUIL (Dordogne)
par Brigitte et Gilles DELLUC
avec la collaboration de
J. CHALINE, J. EVIN, B. GALINAT, Arl. LEROI-GOURHAN, C. MOURER-CHAUVIRÉ, Th. POULAIN et F. SCHWEINGRUBER
La grotte de Comarque est creusée au pied d'une falaise supportant les imposantes ruines du château-fort de Comarque (xne-xve siècles) à Sireuil1. Sur les flancs de cette « roque » orientée au nord s'ouvrent les baies d'un habitat troglodytique médiéval ou cluzeau. L'ensemble est situé en rive gauche du marécageux ruisseau de la Beune du Nord ou Grande Beune, au confluent d'un petit ruisseau capté, en face du château et du gisement de Laussel (à 250 m) et de l'abri du Gap Blanc (à 500 m), à 6-7 km à vol d'oiseau des Eyzies- de-Tayac (carte I.G.N. Sarlat n° : 1-2. x = 502,51; y = 294,30; z = 100) (fig. 1 et 2).
La grotte s'ouvre sur la vallée par un porche, actuellement clos par une porte métallique, et par une galerie accessoire depuis peu obstruée par une maçonnerie.
Elle paraît avoir été fréquentée à plusieurs reprises depuis le Paléolithique supérieur, comme en témoignent la présence d'aménagements pariétaux liés à l'occupation troglodytique du site et un graffito portant la mention «A Monicault 1872» gravé, dans la galerie de gauche (fig. 9, e). Malgré l'étroitesse des galeries, il y a peu d'altérations modernes sauf les cicatrices de jets de pierres lancées autrefois à travers la lucarne sur le cheval n° 27 et des traces d'escalade des cheminées.
Les gravures préhistoriques «ont été découvertes au mois d'août [1915], au cours de
1. Le toponyme s'écrit de multiples façons [Comarque, Commarque, Commarck...). La forme Comarque est attestée dès 1116 (de Gourgues, 1873, p. 80) et par V Armoriai de la noblesse du Périgord (Froidefond, 1891, p. 164). H. Breuil utilise cette orthographe dans sa première publication (Gapitan et al., 1915), mais double le m dans les Quatre cents siècles (1952, p. 285), comme A. Leroi-Gourhan dans la Préhistoire de l'Art occidental (1965, p. 288), la carte I.G.N. et la famille actuelle. A. Laming-Emperaire (1962) reste fidèle à la forme ancienne, que nous conserverons ici. Comarque fut longtemps un fief des Beynac. Enjeu des deux partis durant les guerres anglaises, il fut au xve siècle un repaire de brigands. Le site est actuellement propriété de M. Hubert de Commarque qui a entrepris d'en sauver les vestiges et qui a bien voulu nous autoriser à étudier la caverne ornée, avec une amabilité dont nous le remercions très amicalement. Le site de Comarque (abri troglodytique et grotte) est le décor principal du roman de Robert Merle : Malevil (N.R.F., 1972). La grotte ornée a été classée monument historique le 11 février 1924.
Gallia Préhistoire, Tome 24, 1981, 1.
