INFORMATIONS ARCHÉOLOGIQUES
Circonscription de Nord et Picardie. M. R. Agache, Directeur.
Aisne
Laon. — En accord avec la Direction des Musées de France et le Bureau des Fouilles et Antiquités, un dépôt de fouilles a été installé dans les vastes sous-sols du bel hôtel Renaissance, dit le Petit Saint-Vincent, 1 rue Saint-Martin. Une salle d'exposition temporaire est prévue. Les réserves sont accessibles aux spécialistes qui en font la demande aux Directeurs régionaux des Antiquités.
Entièrement restauré par le Conseil général de l'Aisne, cet ensemble a été mis à la disposition de l'Office départemental du Tourisme que dirige M. Bruaux. Celui-ci, en accord avec M. le Préfet de l'Aisne, a bien voulu réserver de vastes salles à un dépôt de fouilles, juxtaposé à l'Agence départementale des Bâtiments de France.
Grâce également aux subventions du Conseil général, l'Office du Tourisme peut employer, à temps plein, un jeune archéologue (M. Michel Boureux) qui a été chargé de surveiller systématiquement les travaux publics et surtout les immenses ballastières qui exploitent industriellement les graviers de la vallée de l'Aisne1.
1. Sur une centaine de kilomètres, tout le fond de vallée de l'Aisne, de Compiègne à Soissons et de cette dernière ville jusqu'au département des Ardennes, est exploité industriellement par des carrières de graviers et de sables grossiers utilisés comme matériaux de construction. Ces carrières se développent constamment
En deux ans, un matériel archéologique important a pu ainsi être réuni. Il comprend surtout de l'outillage lithique acheuléen et moustérien.
avec des engins mécaniques de plus en plus puissants. Chaque année ce sont des dizaines d'hectares qui sont ainsi totalement détruits. Or, ces alluvions de la vallée de l'Aisne sont riches en gisements du Paléolithique ancien et moyen, gisements assez souvent situés sous l'eau et qu'il est d'ailleurs difficile d'étudier. De plus, si cette plaine alluviale semble avoir été relativement peu habitée à l'époque romaine, elle a été occupée de façon très dense aux périodes néolithiques protohistoriques et mérovingiennes. D'innombrables ensembles archéologiques disparaissent ainsi. Il est absolument impossible à un seul chercheur de surveiller des centaines de kilomètres de front de taille en perpétuel déplacement. Seuls, des survols régulièrement espacés, permettent à M. Boureux un certain contrôle. En effet, le travail des excavatrices est presque partout précédé par un décapage de la terre végétale et quand cette dernière est enlevée, les remblais néolithiques ou protohistoriques forment des taches sombres qui ressortent assez bien, pour un observateur aérien, sur le fond plus clair des grèves. Malheureusement, ces décapages se font à l'aide d'engins puissants qui détériorent beaucoup sans même que les ouvriers puissent s'en apercevoir. Du haut de leurs machines, les conducteurs des grues ou des bulldozers ne peuvent guère distinguer les vestiges archéologiques ; quant aux gros chargeurs sur pneus, de plus en plus utilisés, leur va-et-vient continuel écrase les vestiges et les recouvre d'une légère couche de terre végétale durcie qui rend invisible les structures archéologiques en cours de destruction.
