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Peuplement, violence endémique et rémanence de l'espace sauvage en Afrique de l'Ouest

Le no man's land du « W » du Niger

Introduction

L'existence de no man's lands entretenus par la violence endémique issue de systèmes guerriers et esclavagistes est une constante historique du peuplement ouest-africain. L'exemple étudié ici est celui de la région située entre les rivières Tapoa et Alibori et le fleuve Niger, mises en defens par l'administration française sous l'appellation du parc du « W » du Niger entre 1926 et 1954. Elle n'est qu'une partie d'un vaste ensemble s'étendant vers l'ouest jusqu'à Gourounsi par la vallée de la Pendjari. Le problème sera traité à la faveur d'une présentation des grands territoires du Gourma oriental (rive droite du Niger) et

du Diamaré (rive gauche, dite aussi haoussa), et des effets de la géopolitique sur le peuplement. Nous décrirons ensuite à l'échelle locale les mécanismes qui s'opposaient à l'occupation de l'espace à la fin du XVIIIèrae et au XIXème siècles. L'analyse à petite échelle est une compilation cartographique. Celle à grande échelle est un des premier résultats de nos travaux dans le « W » et le canton de Tamou (arrondissement de Say) au Niger. Ce thème intéresse l'étude du peuplement actuel mais aussi la gestion de la biodiversité car il met en lumière les processus anciens de régénération de l'espace sauvage.

1. Les grands ensembles territoriaux

L'histoire du moyen Niger a conservé le souvenir des organisations étatiques mais celui des sociétés libertaires (segmentaires) restera mal connu sans le secours de l'archéologie car la « tradition orale » évoque peu les genres de vie anciens.

1.1 Le Songhaï

Le groupe sorko -gens du fleuve, chasseurs et pêcheurs du Songhaï - est issu d'une

vinité vivant dans le défilé du « W ». Ce mythe est le premier indice (VIème-VIIème siècles ?) de l'étatisation de groupes « assez étendus mais peu organisés » (Rouch, 1953) sorkos, gows et proto-gourmas du Niger et de ses abords, en aval de la boucle. Jusqu'au XIème siècle, ce processus s'appuie sur la migration vers l'amont des Sorkos (et des Gows dans l' arrière-pays). La deuxième dynastie Za confirme le déplacement du terri-