RITES FUNÉRAIRES ET RITES D'IMMORTALITÉ DANS LA LITURGIE DE L'APOTHÉOSE IMPÉRIALE (1)
par Pierre Gros (M. Raymond Bloch, directeur d'études)
D'Auguste à Septime Sévère, l'ordonnance et la signification des cérémonies d'apothéose se sont profondément modifiées. Le caractère disparate, sinon contradictoire, des témoignages de Tacite, Suétone, Dion Cassius ou Hérodien (2) prouve amplement combien cette liturgie, d'une complexité croissante, fut longue à trouver ses formes définitives. Veut-on préciser les étapes de son évolution, en dégager la portée religieuse, on constate que de nombreuses incertitudes subsistent.
Seul, E. Bickermann, en un article déjà ancien (3), aborda la question de front. Selon lui, l'usage, attesté pour Septime Sévère (4), des deux incinérations — celle de la dépouille mortelle au terme de la pompa funebris, celle de l'effigie en cire lors de la consecratio proprement dite — aurait été introduit dès 117, date de la mort de Trajan : le triomphe posthume de cet empereur se serait achevé par une crémation fictive, dont certaines monnaies contemporaines, ornées au revers d'un Phénix, garderaient la trace... Fort séduisante, cette théorie fut jugée hasardeuse dès son apparition (5). Depuis, la découverte des Fastes
(1) Cette thèse, déposée le 4 avril 1965 par M. Raymond Bloch, directeur d'études, a valu à M. Pierre Gros, par délibération du conseil de la Section en date du 20 juin 1965, rendue sur le rapport de MM. Jacques André et Paul- Marie Duval, le titre d'élève diplômé de la IVe section de l'École pratique des Hautes Études.
(2) Tacite, Ann. I, 8 à 10; Suétone, Div. Aug., 100; Dion, LVI, 34 à 46 (Auguste) - Dion, LXXV, 4, 2 et suiv. (Pertinax); LXXVI, 15, 3 (Septime Sévère) ; Hérodien, IV, 2, 2 (Septime Sévère). A cela s'ajoutent les données, souvent fugitives, de l'Histoire Auguste.
(3) E. Bickermann, Die rômische Kaiserapotheose, in A.R.W., 27, 1929. p. 1 et suiv.
(4) Dion, LXXVI, 15, 3.
(5) Cf. E. Hohl, Klio, XXXI, 1938, p. 169 et suiv.
