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Une véritable politique de l'emploi : élément de la resilience industrielle des moyennes montagnes d'Auvergne

[article]

Année 1999 253 pp. 80-85
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Mauricette FOURNIER

ne véritable politique de l'emploi : élément de la resilience industrielle des moyennes montagnes d'Auvergne

L'emploi industriel rural, réparti dans une multitude de PME, a longtemps été considéré comme quantité négligeable, en particulier en Auvergne, où son poids était masqué par celui des grandes entreprises urbaines. Pourtant nombre de travaux ont maintenant montré que cette industrie rurale avait en général fait preuve d'une belle résistance face à la mondialisation de l'économie (voir notamment Houssel, 1992; Kayser, 1993; Mathieu, 1995). En Auvergne, les PMI de moyenne montagne ont également bien mieux résisté à l'érosion des emplois que les grandes entreprises urbaines (Fournier, 1998)'. Certains espaces, organisés en systèmes industriels localisés (Benko, 1992; Colletis, 1990; Pecqueur, 1989) ont même réussi, comme l'Yssingelais, à créer de nombreux emplois dans le secteur secondaire.

Cette resilience2 — c'est-à-dire non seulement cette résistance, mais surtout cette capacité à surmonter les handicaps — le tissu industriel des moyennes montagnes la doit naturellement aux stratégies techniques et commerciales mises en œuvre par les chefs d'entreprise (innovation, adaptation aux marchés, recherche de «niches» faiblement concurrentielles...) soutenues parce qu'il faut bien reconnaître comme une véritable politique de l'emploi.

1. La rédaction de cet article repose sur un ensemble d'entretiens semi- directifs menés auprès des industriels et artisans de production des moyennes montagnes d'Auvergne, ainsi que de quelques secteurs limitrophes depuis la fin des années quatre-vingt. Les données chiffrées qui figurent ici résultent du traitement statistique de 235 enquêtes, réalisé en 1995, pour la rédaction d'une thèse de géographie (Fournier, 1998). Cet échantillon représentait alors plus du tiers des établissements de plus de dix salariés (et 14 % de ceux d'au moins un salarié). Les entreprises en- quêtées rassemblaient plus de 43 % de l'emploi industriel des moyennes montagnes d'Auvergne. Les entretiens réalisés depuis n'ont pas été intégrés au plan quantitatif mais ont permis de préciser ou d'affiner les évolutions au plan qualitatif.

2. La resilience est un concept encore peu répandu en France dans le domaine des sciences sociales. Il s'agit à l'origine d'une notion utilisée en physique pour désigner la résistance d'un matériau à un choc. Depuis une trentaine d'années les chercheurs anglo-saxons l'ont adaptée, tout d'abord à l'écologie, puis plus généralement à l'analyse des systèmes où elle est définie comme la capacité d'un système à pouvoir intégrer une perturbation dans son fonctionnement sans pour autant changer de structure qualitative. C'est dans ce courant de pensée qu'a récemment été soutenue une thèse de géographie cherchant à adapter la resilience à la dynamique des systèmes spatiaux (Aschan-Leygonie, 1998). Mais le concept a également été développé en psychologie (sciences du développement). Il caractérise alors la capacité pour un individu à surmonter une adversité initiale grave qui aurait normalement dû conduire à une issue négative au plan personnel et social (Vanistandael, 1998). Les chercheurs engagés dans cette voie mettent alors l'accent sur l'importance du discours social (Cyrulnik, 1999).

Économie Rurale 253/Septembre-octobre 1999

Son originalité repose sur des pratiques spécifiques de recrutement et de formation d'une main-d'œuvre locale pas ou peu qualifiée, pratiques qui permettent aux entreprises de s'adapter aux contraintes particulières de la moyenne montagne, de transformer des points faibles (faiblesse démographique, manque de qualification...) en points forts (rentabilité de l'investissement-formation en raison de la stabilité du personnel, savoir-faire adaptés aux besoins des entreprises, adaptabilité...).

Un atout pour la moyenne montagne: la qualité de la main-d'œuvre locale

La moyenne montagne est généralement considérée comme inadaptée au développement industriel moderne. Or, en d'Auvergne et Velay, les chefs d'entreprise, concernés au premier chef, sont loin de partager cette opinion: un sur cinq s'estime avantagé; surtout, pour la grande majorité d'entre eux (56 % sur un échantillon de 223 entrepreneurs) la localisation de leur entreprise n'a aucune incidence sur son activité, essentiellement parce que certains d'avantages décisifs compensent les handicaps attendus. Si l'on cumule les résultats de ces deux groupes, l'argumentation spontanée porte en premier lieu sur la présence d'un milieu industriel local, aussi modeste soit-il (18 % des réponses) et sur la «qualité» de la main- d'œuvre (17 %). Cette appréciation ne paraît pas constituer une particularité de la moyenne montagne auvergnate: elle est partagée par exemple par les entrepreneurs de la Forêt Noire qui, dans une enquête semblable, considéraient dans leur grande majorité que l'atout principal de leur région résidait dans «la qualité de la main- d'œuvre» (Stubbe, 1996).

Quelles sont donc ces qualités si appréciées de la main- d'œuvre montagnarde? Les industriels font-ils référence à la faiblesse des exigences salariales, allant de pair avec la faiblesse de la syndicalisation, facteurs qui avaient justifié dans les années 1960 et 1970 la décentralisation d'unités de production des grandes firmes parisiennes vers les campagnes? Allait-on voir ressurgir ces qualités un peu passives, cette «docilité» travailleuse alors tant décrites? Le portrait, un peu partial et très partiel, que l'on dressait alors — et que l'on dresse encore parfois — de la main- d'œuvre rurale était au plan humain trop franchement dévalorisant pour n'obéir qu'aux règles de l'observation

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