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Daniel THIEL

ise en évidence de l'instabilité des modèles de réapprovisionnement continu par une analyse dynamique des systèmes logistiques

Positionnement de la recherche

1. Les origines, les limites et les enjeux des concepts d'organisation logistique

De nombreux concepts de pilotage des systèmes logistiques ont été construits en se fondant sur une pragmatique professionnelle. C'est le cas du MRP2 (Manufacturing Resources Planning, Wight 1974, 1984), du JIT (Just-in- Time ; Shingo 1983 ; Sekine 1983), ou encore plus récemment de l'ECR (Efficient Consumer Response ; FMI 1993, 1994a-b-c ; GENCOD, 1994, 1995 ; ICC-ILEC, 1994). La diffusion de ces concepts s'est réalisée à l'occasion de conférences professionnelles et par l'intermédiaire d'ouvrages et de revues non scientifiques. Ce n'est que tardivement que le MRP et le JIT ont fait l'objet d'un intérêt croissant au niveau académique. En règle générale, ces concepts innovants conçus à l'origine par des professionnels, n'ont eu comme réponses de la part des chercheurs que des critiques qui portent sur leurs limites et leurs faiblesses. Par exemple, des articles montrent les limites du JIT (Zipkin, 1991) ou la nervousness des systèmes MRP (Blackburn et al, 1986). D'autres auteurs proposent de nouvelles approches du MRP (Trémolières, 1995) ou montrent des phénomènes d'instabilité et de chaos déterministe pouvant se produire dans des organisations fonctionnant suivant une logique JIT (Thiel, 1996a ; Takahashi et al, 1997). Des études bibliométriques sur le seul concept du JIT ont permis de classifier les travaux de recherche actuels qui portent sur les thèmes suivants : les systèmes de transport, les choix d'implantation, la logistique, les interfaces clients-fournisseurs, la qualité, la maintenance, la gestion de production et la pédagogie. Nous pouvons citer deux publications significatives portant sur le JIT ; la première en présente un état de l'art (Sohal et al, 1989) et la seconde (Groenevelt, 1993 recensant 148 publications) fait état des types de recherches sur ce concept en constatant néanmoins une insuffisance de travaux empiriques basés sur des données réelles de terrain. Quant aux limites, l'adoption du JIT nécessite de nombreuses adaptations aussi bien internes qu'externes aux firmes. Par exemple, il est nécessaire de revoir le système de comptabilisation des activités et les procédures d'évaluation du personnel qui sont directement affectés par le JIT. Vis-à-vis des partenaires externes, les fournisseurs doivent accepter de coopérer en modifiant leur structure de distribution et leurs métho-

ÉCONOMIE RURALE 245-246/MAI-AOÛT 1998

des de préparation et d'expédition des commandes. Ces changements ne pourront s'effectuer en peu de temps. Néanmoins, il est utile de noter que la majorité des implantations du JIT en entreprise a été réalisée avec succès (Groenevelt, 1993). Le concept de l'ECR étant à un stade d'adoption plus récent au niveau des professionnels, n'a pas encore reçu d'«écho » émanant des scientifiques comme les précédents concepts, le MRP et le JIT. L'ECR peut être considéré pour la distribution ce qu'était le juste à temps pour Toyota et l'industrie automobile. Il est apparu pour la première fois en 1992 lors d'une conférence du Food Marketing Institute aux États-Unis (FMI, 1993). Hammonds, alors président du FMI, a défini l'ECR comme une « stratégie qui vise à supprimer tous les coûts inutiles sur l'ensemble de la chaîne, du producteur jusqu'au client. Un coût inutile est un coût qui ne représente aucune valeur ajoutée pour le consommateur ». Son objectif est donc de bâtir un système réactif partant du consommateur final dans lequel distributeurs et fournisseurs travaillent en étroite collaboration pour maximiser la satisfaction du consommateur et réduire les coûts. Ce changement permet d'offrir au consommateur un meilleur service en terme de fraîcheur, de disponibilité et de qualité des produits. L'ECR synthétise également un ensemble d'idées qui circulent depuis de nombreuses années parmi les acteurs de la chaîne d'approvisionnement des produits de grande consommation. Une des idées clés est que de l'amont vers l'aval, de l'usine au magasin, le système d'approvisionnement forme un tout dont chaque maillon concoure à l'efficacité selon le principe du Just-in-Time] . L'affaiblissement d'un élément est dommageable à l'ensemble et a contrario, la coopération entre les opérateurs d'une filière de distribution est profitable pour chacun d'eux. De nombreux pays ont su instaurer ce dialogue visant à améliorer d'une part, les relations fabricants/distributeurs et d'autre part, la réponse que ces acteurs apportent au consommateur. En ce qui concerne l'Europe qui a pris un certain retard, le comité ECR-Europe n'est en activité que depuis début 1996 (ECR Europe, 1995 ; Coopers et Lybrand 1995, 1997). Selon une étude commandée par V European Executive ECR Board et réalisée entre mai et novembre 1995 auprès de 15 participants (5 distributeurs dont Promodès et 10 industriels pour 15 catégories de pro-