Plan

Chargement...
Couverture fascicule

Les attitudes économiques des petits commerçants français

[article]

Année 1985 169 pp. 34-37
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 34

ÉCONOMIE RURALE n° 169, sept.-oct. 1985

Agriculteurs et petits entrepreneurs

LES ATTITUDES ÉCONOMIQUES DES PETITS COMMERÇANTS FRANÇAIS

N. MAYER*

Résumé :

Summary :

Notre étude porte sur les petits commerçants indépendants, catégorie qui se constitue dans la deuxième moitié du 19e siècle et qui se distingue à la fois du petit salariat par la propriété de son outil de travail, du grand magasin capitaliste par le travail direct et personnel de l'exploitant, et de l'artisanat au fur et à mesure que s'auto- nomise la fonction commerciale. L'exploration de leur univers idéologique a été tentée à partir d'entretiens non directifs effectués auprès d'une trentaine de petits commerçants parisiens (1972-1977), dans le cadre d'une recherche plus générale sur les attitudes et comportements politiques

des classes moyennes indépendantes (1). Une analyse qualitative du matériel recueilli aboutit à la construction de trois modèles de mentalités petites commerçantes, fondés sur les mêmes oppositions mais inversées. Le premier joue la modernité contre la tradition, les gros contre les petits. Le second opte pour la sécurité du salariat contre les risques de l'indépendance. Le troisième, modèle dominant dans les entretiens, valorise l'indépendance contre le salariat, la petite entreprise contre la grosse, la société traditionnelle contre la société moderne. C'est le seul que nous présenterons ici, limité à ses aspects économiques (2).

Rapport à l'économie

Si l'esprit du capitalisme est la recherche rationnelle du profit maximum, l'ethos des petits commerçants n'est pas capitaliste. Ils ont l'esprit de métier plutôt que l'esprit d'entreprise. Face à la grande surface qui ne fait que «distribuer», ils se définissent comme des commerçants «spécialisés», des «professionnels» possesseurs d'un savoir-faire et d'une compétence technique. Et les simples commerçants revendiquent leur «métier» avec autant de conviction que les artisans-commerçants tels que le boulanger ou le poissonnier.

Cet esprit de métier est inséparable d'une éthique qui vient tempérer la recherche de la rentabilité, parfois même la contredit. La recherche de la qualité, du travail bienfait, le souci de donner satisfaction au client passent pour eux en priorité. La vendeuse de confection pour dames préfère passer dix minutes de plus avec sa cliente, jusqu'à ce qu'elle trouve un soutien-gorge à sa taille, tant pis si elle doit

* Centre d'étude de la vie politique française contemporaine, FNSP 27 rue St-Guillaume 75007 PARIS.

1. Nous avons repris la définition que donne l'INSEE des petits commerçants dans son précédent Code des catégories socio-professionnelles (CSP. 27) : propriétaires ou gérants libres d'un fonds de commerce ainsi que

déballer dix boîtes et si les autres clientes attendent. C'est sa réputation de commerçante qui est enjeu. L'épicier ne « fait » pas les marques qu'il estime de mauvaise qualité, tant pis pour le client qui les réclame. Et le poissonnier préfère restreindre son assortiment de poissons que d'offrir du poisson médiocre. Aucun d'eux ne «vend pour vendre ».

De ce travail, ils attendent essentiellement qu'il les fasse vivre. Ils ne demandent pas «des sommes folles», juste « bien » gagner leur vie, c'est-à-dire mieux que les petits salariés. Mais à leurs yeux, leur commerce est un instrument de travail avant d'être un capital. Et leur bénéfice est de même nature qu'un salaire puisqu'il est la contrepartie de leur labeur, par opposition au profit de la grande surface fondé sur la spéculation.

Cela ne veut pas dire que l'argent ne les intéresse pas, bien au contraire. Ils en parlent sans cesse, comptant et

leurs aides familiaux, employant moins de trois salariés, artisanat alimentaire et services inclus.

2. Pour une présentation plus détaillée cf. Mayer (1983 a, chap. 9; 1983 b; 1984).

- 34 -

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw