Déviance et Société, Genève, 1 984. Vol. 8, No 2, pp. 21 7-228 DÉBAT

LES ALTERNATIVES AU DROIT PÉNAL: POUR ET CONTRE

M. ANDRIESSEN *

Introduction

Un holocauste dans le passé récent et la moitié du monde autour de nous transformé en chambre de torture : qui ose se mobiliser pour des «alternatives» à un droit pénal, fonctionnant, sur cet arrière-plan, d'une manière tout à fait raisonnable dans nos pays?

Vous et moi, et la rédaction de Déviance et Sociétél

La prison, la cellule de police, le sort de l'auteur et de la victime, si familiers qu'ils soient, on ne s'y habituera jamais. Ceux qui ont à faire avec le droit pénal, en gardent toujours le plus grand scepticisme. Le contact avec la pratique du pénal soulève les questions les plus existentielles, auxquelles nous ne trouvons pas toujours la réponse. Qui est l'homme, quelle est sa destination, qu'est-ce que le bien et le mal, qu'est-ce que nous faisons et pourquoi?

De préférence on abolirait le crime, mais cela constitue une pensée sans avenir, on le sait. L'expression de la réaction face au crime peut pourtant susciter beaucoup de souhaits également, et, parce que nous avons à faire quelque chose de ce côté-là, nous ressentons régulièrement le besoin d'y apporter des changements positifs. Cette aspiration au changement nous fait entrer (historiquement parlant) dans les rangs de la bourgeoisie libérale.

Car c'est de ce côté-là qu'est venue, après la Révolution française, la première résistance contre les pratiques rudes du droit pénal du moyen âge. L'avance de la civilisation fait que la bourgeoisie répugne de plus en plus à la torture et à la violence.

Une « alternative » importante fut trouvée dans la peine d'emprisonnement. Avec elle disparaissait le caractère public de la peine, pour que la bourgeoisie n'aie plus à voir les cruautés judiciaires au marché. Dans le courant du XXème siècle fut apportée à son tour une alternative à la prison cellulaire : le traitement et la resocialisation. Cette fois-ci l'inspiration venait du côté d'un nouveau groupe de la bourgeoisie : les théoriciens des sciences sociales et les assistants sociaux. Ils avaient à coeur non seulement l'intérêt des criminels, mais aussi leur propre emploi. Car le traitement et la resocialisation ne pouvaient se passer de leur compétence professionnelle.

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