FEMMES DU PEUPLE DANS LES ARCHIVES JUDICIAIRES
Les femmes apparaissent peu dans les sources qui permettent d'étudier la vie publique pendant l'Ancien Régime. Cette absence relative relève de plusieurs facteurs dont l'un est évidemment le fait qu'elles soient écartées des fonctions sociales qui procurent le pouvoir. Ce déficit de sources est tel qu'il semble parfois que seuls le délit, l'action violente, mettent les femmes en visibilité, qu'il s'agisse de violences privées ou publiques, de violences exercées contre elles ou par elles, ou dont elles viennent témoi¬ gner.
Les archives judiciaires s'avèrent, de ce fait, le corpus le plus riche pour rencontrer des traces des femmes du peuple dans la société d'Ancien Régime. Les renseignements les concernant proviennent donc, le plus souvent, des archives de la répression qui montrent que les femmes participent aux différentes formes d'expression de la conflictualité, qu'elle soit quotidienne ou qu'elle éclate lors d'émeutes. Il en résulte une sur-représentation de la violence puisque les archives judiciaires apportent essentiel¬ lement des témoignages sur les situations de crise. De nombreux historiens ont eu et ont recours aux archives judiciaires, parmi lesquels Nicole et Yves Castan, Ariette Farge et Benoît Garnot.
Les fonds d'archives utilisés pour cet article sont issus de la série B des Sénéchaussées d'Aix-en-Provence (1715-1788), de Marseille (1770-1779), et de Toulon (1750-1789).
Il s'agit d'une part des procédures criminelles composées des plaintes, auditions des témoins et d'autre part des sentences crimi¬ nelles concernant essentiellement les jugements. Le système de classement des archives, le fait que le jugement soit parfois rendu des années après la plainte et le temps consacré aux dépouille¬ ments n'ont pas toujours permis, en particulier dans le cas de Marseille où les sources sont extrêmement abondantes, de faire correspondre plaintes et sentences.
La procédure pénale est fixée par l'ordonnance de 1670. Les accusations peuvent être portées par une personne privée ou par
DIX-HUITIÈME SIÈCLE, n° 3 6 (2004)
