UN ABBÉ PHILOSOPHE : L'AFFAIRE DE J.-M. DE PRADES

I. L'Étudiant en théologie

Né en 1720, à Castelsarrasin, dans le diocèse de Montauban, où il avait «beaucoup de parents 1 », Jean-Martin de Prades fit ses études dans trois séminaires parisiens, ceux de Saint-Sulpice, de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et des Bons-Enfants, et il eut, dès cette époque, l'ambition de faire œuvre d'apologiste, cherchant dans la Demonstratio evangelica de Huet, qu'il traduisit en français, les réponses qu'on pouvait faire à Hobbes et à Spinoza, critiques des textes bibliques 2. Le jour vint où il fut nommé au sous-diaconat et trois mois plus tard il partit pour le séminaire de Montauban, gou¬ verné, comme celui des Bons-Enfants, par les Lazaristes, et y devint prêtre 3. Revenu immédiatement après à Paris, pour faire sa «licence » en théologie 4, c'est-à-dire la série d'épreuves qui me¬ naient au doctorat, il soutint sa première thèse, la «tentative », le 8 février 1748, la deuxième, la «sorbonique », le 23 novembre 1750 et la troisième, la «mineure », le 27 juillet 1751 5. Restait, pour être reçu docteur, la «majeure ordinaire », qu'il allait soutenir à la fin de 1751.

La «tentative » de Prades est très courte ; elle se renferme dans deux propositions, ou «positions », à savoir, 1° la théologie tire toutes ses conclusions de la Révélation et se distingue des autres sciences, non par sa certitude, mais par sa dignité; 2° l'existence de Dieu se démontre, non a priori, comme le voulaient Descartes et Spinoza, mais par l'expérience. La «sorbonique » porte sur le péché originel dont tous les hommes sont atteints du fait même qu'ils participent à la nature d'Adam qui le commit : on ne peut