La typographie, entre universalisme et nationalités
COMMUNICATION
ÉMIGRATION ET TRANSFERTS CULTURELS : LES TYPOGRAPHES ALLEMANDS ET LES DÉBUTS DE L’IMPRIMERIE EN FRANCE AU XVe SIÈCLE, PAR M. FRÉDÉRIC BARBIER
Au milieu du XVe siècle, la fin du Moyen Âge et le passage à la période moderne sont marqués par deux événements majeurs : la chute de Constantinople et, pratiquement de manière concomitante, l’invention de la typographie en caractères mobiles. Une génération environ plus tard, la découverte de l’Amérique constitue un troisième tournant vers la modernité. Or, même si Henri-Jean Martin intitule « L’heure de l’Allemagne » le chapitre de son classique
Histoire et pouvoirs de l’écrit1 dans lequel il présente les débuts de la typographie en caractères mobiles, le sujet des « imprimeurs allemands » et de leur rôle à l’étranger, que l’on aurait pu croire largement traité étant donnée l’ampleur de la bibliographie sur l’histoire des origines et des premiers temps de l’imprimerie2, a été négligé, sinon oublié, par la recherche. L’émigration allemande dans le domaine de la « librairie » au
XVe siècle constitue un phénomène qui concerne toute l’Europe, et dont la complexité interdit de le traiter dans une contribution nécessairement trop brève. Il s’agit, d’abord, d’histoire des techniques et de l’innovation, un secteur toujours marqué par un certain déficit dans l’historiographie française : malgré les recherches de Bertrand Gille et de François Caron (pour la période contemporaine), on ne peut que regretter l’absence de travaux récents sur