COMMUNICATION

LA GENÈSE DU SABBAT.

AUTOUR DE L'ÉDITION CRITIQUE DES TEXTES LES PLUS ANCIENS, PAR M. AGOSTINO PARAVICINI-BAGLIANI ET MME MARTINE OSTORERO

Le 30 juillet 1438, un jeune homme d'Epesses, dans le Canton de Vaud actuel, Aymonet Maugetaz, se présente en larmes devant l'inquisiteur dominicain de Lausanne pour demander l'absolution de ses péchés1. Il était âgé d'environ 20 ans.

Entendu en tribunal, il raconte que cinq ans auparavant, son père l'avait fait monter derrière lui sur un poulain noir qui les entraîna à vive allure jusqu'à Bâle ; là, ils rejoignirent un groupe de plus de cent hommes et femmes réunis autour du diable, qui apparaissait tantôt sous une forme humaine, tantôt sous celle d'un chat noir. Le diable demanda à Aymonet de renier Dieu et tous les sacrements de l'Église, en échange de quoi il lui donna une petite somme d'argent. Aux flammes bleues des bougies, tous mangèrent des nourritures inconnues et burent abondamment, puis ils s'accouplèrent les uns aux autres. Une autre fois, son père et d'autres hommes le conduisirent près de l'embouchure du Rhône, où ils entrèrent dans une maison et tuèrent un petit enfant dont ils emportèrent le cadavre. Un autre jour, toute la « secte » se réunit sur une montagne de la Gruyère pour casser de gros blocs de glace avec des pics de fer. Vint alors un gros nuage noir qui éleva tous ces petits morceaux de glace dans l'air et les transporta au-dessus de Vevey: une forte tempête s'abattit alors sur la ville et les récoltes. L'inquisiteur n'interrogea pas davantage Aymonet ; touché par le repentir du jeune homme, il lui laissa la vie sauve2.

Ces témoignages proviennent du plus ancien procès conservé qui puisse être relié de manière précise à l'un des premiers textes décrivant le sabbat des sorciers et des sorcières, les Errores gaza- riorum3.