COMMUNICATION

LES ÉCRITURES CRETOISES

ET LE BASSIN MÉDITERRANÉEN,

PAR M. LOUIS GODART

1. De toutes les terres d'Europe occidentale, la Crète est sans doute la première à avoir disposé d'un système d'écriture. Entre la seconde moitié du IIIe et la fin du IIe millénaire av. notre ère, trois écritures bien distinctes, l'hiéroglyphique, le linéaire A et le linéaire B sont attestées dans l'île de Minos. De manière totalement conventionnelle on qualifie ces écritures de « Cretoises ».

Les premiers documents écrits crétois sont représentés par des sceaux découverts à Arkhanès, Moni Odigitria dans la plaine de la Mes- sarà, et Pangalochori dans les environs de Rethymnon ; ils datent de l'époque prépalatiale et proviennent de couches de la fin du Minoen Ancien III ou, au plus tard, du Minoen Moyen I A (entre 2250 et 2000 av. n. è.)1.

Une quinzaine de signes différents appartenant aussi bien au système hiéroglyphique crétois qu'au linéaire A sont attestés sur ces sceaux qui apparaissent comme les ancêtres des sceaux et des empreintes de sceaux du Dépôt Hiéroglyphique de Cnossos mis au jour par Evans dans ses fouilles du palais de Minos et remontant au Minoen Moyen II B (1800/1700 av. n. è.).

Vers la fin du IIIe millénaire, les premiers palais font leur apparition en Crète. Ces vastes constructions sont en général installées au cœur de régions fertiles comme les plaines de Cnossos, de Mallia, de Phaistos, la vallée d'Amari ou les abords de La Canée. Elles contrôlent étroitement le territoire et leurs maîtres se font livrer les biens provenant des campagnes voisines pour les redistribuer, en partie, à celles et à ceux qui travaillent pour le compte du palais.

C'est ainsi que naît l'exigence d'un système de comptabilité en mesure d'informer les responsables palatiaux sur les va-et-vient dont leurs