Jean-Louis Durand Le corps du délit

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... lo Bou dix al Cavall que ell era en gran treball, tot jorn, d'arar, e del blatquela terra que ell arava, llevava, no li lleixava son senior menjar ... Ramon Llull, Llibre de les bèsties.

La cité d'Athènes a produit sur la mort des bêtes et ses conséquences un bien étrange discours. Rapporté par Théophraste 1, Porphyre l'inscrit dans une série de récits en faveur du végétarisme et le donne comme preuve de la nécessité de s'abstenir de viande de bœuf. Étrange discours, car, pour des oreilles positives, il est rempli d'incohérences et de contradictions.

La philologie positive est relayée par la sociologie française qui a proposé des diverses versions du rite une explication strictement réductrice, centrée sur l'abandon noxal d'une bête coupable. Or, on va le voir, ici le bœuf n'est pas livré à la justice mais victime du meurtre, il n'est pas condamné mais mangé; personne n'est puni, on expulse le corps du délit. De plus, si une bête athénienne était coupable de meurtre on • la déférait directement au tribunal compétent. Ni les faits du droit, ni notre histoire ne peuvent relever de l'abandon noxal.

Le parti pris de cette lecture est précisément de considérer cet ensemble comme un système logique de transformations signifiantes. Commentaire exé- gétique d'un rituel athénien célèbre, le récit de Théophraste est donc envisagé ici comme l'histoire d'un véritable héros fondateur mais modeste et démocratique, totalement inconnu . par ailleurs, dépourvu de notoriété mythologique. Récit de fondation, il se comprend ainsi à partir de sa fin, c'est-à-dire du moment où s'élabore le mythe. Le sens se donne alors à lire dans les changements qui, de proche en proche, conduisent de l'état primordial à la situation glosée par ce récit.

On trouvera ci-dessous la remise en ordre, l'ordre du texte, de cette première rétro-lecture. D'abord le texte2 :

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