Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien , n°22, juillet-décembre 1996
IRANIENS D'IRAK,
UNE ELITE RELIGIEUSE CHIITE FACE A UN ETAT SUNNITE
Pierre-Jean LUIZÂRD
"L'appel au boycott des élections est le dernier avatar du complot des milieux persans. C'est une idée inspirée par des intérêts étrangers au pays, qui craignent le nationalisme arabe et l'indépendance de l'Irak", Al-' Asîma , Baghdad, 25 juin 1923 � .
"Il s'agit là d'une occasion unique de nettoyer les villes saintes chiites de la prédominance de l'influence persane, qui s'est exercée depuis des années au détriment des intérêts véritables des Arabes", Rapport du haut-commissaire britannique, 11 juillet 1 923, FO/41 6/73�
"La décision qui fut prise à l'encontre de cheikh al-Khâlisî a été d'une importance historique en ce qu'elle a représenté un coup décisif aux agissements iraniens", Rapport britannique, 31 août 1923, FO 371/9047�
"C'est l'occasion du siècle, il faut la saisir pour nous débarrasser de tous ces Iraniens en un seul mois."
* Al-' Asîma, journal pro-gouvernemental, exprimait des positions favorables aux Britanniques. L'exil des plus grands mujtahid-s fut précédé d'une campagne de grande envergure menée, au nom de l'arabisme et contre les "étrangers", par le gouvernement irakien à l'instigation des autorités mandataires.
� Il s'agissait d'un rapport où le haut-commissaire britannique rapportait ainsi, sous forme de voeu inavoué, la position présumée de Faysal sur l'opposition des mujtahid-s.
3 II s'agit de la décision du gouvernement irakien d'exiler en juin 1923 cheikh Mahdî al-Khâlisî, le plus grand marja' de l'époque, qui dirigeait la lutte pour une indépendance totale de l'Irak, contre la mise en place des institutions du nouvel Etat sous mandat et qui avait appelé au boycott des élections à l'Assemblée constituante.
