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LA PAIX DE TROIE AURA-T-ELLE LIEU ? Stéphane YERASIMOS

Kritovoulos, natif de l'île d'Imvros et chroniqueur de Mehmed II, le conquérant de Constantinople, écrit dans sa chronique que le sultan visita les ruines de Troie et qu'après avoir inspecté le site et s'être renseigné sur les tombeaux d'Achille, d'Ajax et des autres héros de la guerre de Troie, dit : "Dieu réserva pour moi, même si c'est après un si grand nombre d'années, le droit de venger cette cité et ses habitants (...). Ce sont les Grecs, les Macédoniens, les Thessaliens et les Péloponnésiens qui ont ravagé ce lieu dans le passé et leurs descendants ont aujourd'hui, par mes efforts, subi la juste punition, après une longue période d'années, pour l'injustice qu'ils ont commise contre les Asiates en ce temps, et si souvent dans les époques suivantes" (1).

Cette idée, qui serait également développée dans une lettre écrite par le même sultan au Pape Pie II, toute surprenante qu'elle soit, était courante à l'époque. L'argumentation sur la descendance troyenne des Turcs est assise sur une fausse étymologie assimilant le nom Teucros, le fondateur mythique de Troie, à Turcos. le Turc. Cette étymologie fut sans doute forgée par les humanistes byzantins du XlVe et XVe siècles, puisque ceux-ci appellent régulièrement les Turcs, dans leurs ouvrages et correspondances, Teucroi (2). Le voyageur catalan Pero Tafur, le dernier à nous laisser une description de Constantinople avant la conquête turque, nous rapporte la phrase qui circulait dans la ville : "Les Turcs prendront bien la vengeance de Troie" (3). Et on trouve la même phrase dans une chronique turque du XVIe siècle écrite en grec (4).

Les Turcs, qualifiés jusque là par les auteurs byzantins de Perses, et assimilés ainsi à l'ennemi héréditaire des Grecs et des Byzantins, deviennent après avoir franchi l'Hellespont et encerclé Constantinople, des Troyens. La guerre de Troie, immortalisée par l'épopée d'Homère, symbolisait le franchissement de la mer Egée et la première conquête asiatique des Grecs, qui sera suivie par les guerres médiques, Alexandre, Rome et Byzance. Les civilisations grecque, hellénistique, romaine et chrétienne-byzantine, prennent successivement le relais d'une filiation consciente et acceptée, dans leur lutte contre ceux qui sont qualifiés de barbares. Et soudain, au XlVe siècle de l'ère chrétienne, avec les Turcs prenant pied en Europe, on assiste à un retour du balancier, la revanche des Troyens.

Or, le Troyen, à l'opposé du barbare, est le symbole de l'ennemi

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