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L'évolution sociale du monde musulman jusqu'au XIIe siècle face à celle du monde chrétien

[article]

Année 1958 1-4 pp. 451-463
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Claude GAHEN

L'évolution sociale du monde musulman jusqu'au XIIe siècle face à celle du inonde chrétien

Tout le monde est d'accord pour reconnaître que les caractères découverts dans une société ne prennent leur pleine signification que par comparaison avec ceux d'autres sociétés ; celles-ci, par suite de leur voisinage dans le temps ou l'espace ou, plus largement, de similitudes de structure, présentant avec la première suffisamment de points communs pour que la confrontation ait un sens, et qu'on puisse alors chercher à expliquer les divergences qui néanmoins les séparent.

A cet égard il peut paraître paradoxal d'instituer une comparaison entre monde chrétien et monde musulman. Nous savons bien que, en tant que religion, l'Islam a des racines communes avec le judaïsme et le christianisme. Mais nous sommes habitués à considérer le monde musulman comme quelque chose de radicalement étranger à notre société et à notre civilisation, à tel point que, pratiquement, les étudiants d'histoire de nos universités n'en entendent presque jamais parler. L'enseignement de l'histoire musulmane est réservé aux orientalistes s'adressant aux étudiants de langues orientales, comme si, au delà de la mer Egée, depuis le moyen âge, nous n'avions plus affaire à la même humanité. Cependant, par une innovation sans précédent, les programmes de notre agrégation d'histoire ont, pour la première fois, en 1956/57, fait à l'Islam sa part légitime.

Ce n'est pas seulement parce que monde musulman et monde chrétien ont été voisins qu'il est légitime de les confronter. Ils ne se sont pas seulement rencontrés, combattus ou influencés, selon les cas et les domaines. Mais, socialement comme spirituellement, ils sont les communs héritiers du monde antique méditerranéen, dont l'aire s'est progressivement étendue. Au moment où les Arabes s'emparent de la moitié de l'Empire Byzantin, rien fondamentalement ne différencie la structure économique et sociale de la Syrie ou de la Mésopotamie, qui vont devenir musulmanes, de celle des provinces limitrophes du Bosphore, qui demeureront chrétiennes ; rien celle de la Sicile, dont les musulmans s'empareront, de celle de l'Italie méridionale, qui demeurera byzantine. Les orientalistes, habitués à faire partir de la Mecque, en Arabie, l'histoire de l'Islam comme religion, constatent qu'au cours de leurs conquêtes les Arabes ont conservé beaucoup des institutions préexistantes. Mais cela est peu dire : en réalité les peuples qui vont progressivement se convertir à l'Islam ne sont que pour minorité des Arabes ; l'histoire des peuples musulmans, c'est l'histoire des peuples qui la veille n'étaient pas musulmans et dont la conversion, quelque valeur spirituelle qu'elle ait, n'a pas bouleversé totalement du jour au lendemain les modes de vie économique et l'organisation sociale.

Le problème qui se pose à nous est donc, partant d'un passé commun, de suivre les évolutions synchroniques de divers groupes de sociétés qui s'en partagent l'héritage. Nous savons bien qu'aujourd'hui ils sont arrivés, après de longs siècles, à une différenciation importante. Il n'en faut pas conclure qu'il en ait dès l'abord été ainsi. Ce qu'il faut justement essayer de reconstituer, c'est le rythme, ce sont les modalités et les causes de cette différenciation, ce sont, tout aussi bien, les parallélismes qui, entre sociétés du même âge, ne peuvent pas ne pas exister. Peut-être de cet examen connexe résultera-t-il pour nous une invitation à reconsidérer certaines des conclusions provisoires auxquelles avaient abouti les historiens de chaque société prise séparément,

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