Imperium : nature et compétences à la fin de la République et au début de l'Empire*
Jean-Michel Roddaz
Université Michel de Montaigne
Bordeaux III
La nature, l'étendue de l'imperium et les compétences de son détenteur ont animé depuis fort longtemps1 les controverses parmi ceux qui se sont intéressés à l'histoire de la fin de la République, mais surtout du début de l'Empire, dans la mesure où parler d'Auguste signifie parler de pouvoir, mais aussi bien de pouvoir déguisé que de pouvoir accepté ou refusé2.
Une série d'études de K.M. Girardet3 se situent dans une perspective nouvelle4 et présentent avec une vision simplificatrice des choses, la thèse
* Notre intention, dans cette courte communication, est d'apporter une contribution à la réflexion suscitée par les recherches de K.M. Girardet. Nous remercions l'auteur d'avoir bien voulu nous transmettre une copie de son texte avant sa publication, afin que nous puissions disposer d'un dossier complet. L'intérêt de sa démarche nous permet de revenir sur certaines des idées que nous avions émises dans notre thèse sur M. Agrippa (BEFAR, Rome, 1984) et dans l'introduction de la publication du premier tome de Dion Cassius (cité Freyburger- Roddaz, Dion Cassius). Il n'était pas question de reprendre ici, sous tous leurs aspects, certains problèmes complexes, et nous projettons de revenir plus tard sur la question du triumvirat notamment
1 L'œuvre de Mommsen constitue naturellement la référence obligée. Voir A. Giovannini, Consulare imperium, Bale, 1983.
2 Voir, en dernier lieu, le recueil d'articles, Between Republic and Empire. Interpretations of Augustus and his Principate, University of California Press, 1990, et notamment les contributions de J. Lindersky, "Mommsen and Syme, Law and power in the Principate of Augustus", p. 42-53 et de W. Eder, "Augustus and the Power of Tradition : The Augustan Principate as binding link between Republic and Empire", p. 71-122.
3 Hormis l'étude présentée dans ce recueil concernant l'imperium et la. provincia de Pompée depuis 67 av. J.-C, il faut citer du même auteur, "Die Lex Iulia de provinciis (46 v. Chr.). Vorgeschichte-Inhalt Wirkungen," RhM, 130, 1987, p. 291-329 (= Girardet, 1987), Der Rechtsstatus Oktavians im Jahre 32 v. Chr., RhM, 133, 1990, p. 322-350 (= Girardet, RhM, 1990), "Die Entmachtung des Konsulates im Ubergang von der Republik zur Monarchie und die Rechtsgrundlagen des augusteischen Prinzipats", Pratum Saraviense (Festschrift P. Steimetz), Palingenesia, 30, Stuttgart, 1990 (= Girardet, Entmachtung). Nous prendrons appui dans notre brève étude sur l'ensemble des publications qui s'inscrivent dans une réflexion générale de l'auteur sur le problème de l'imperium.
4 Déjà, Giovannini, art. cité supra, n. 1 ; voir aussi Th. Hantos, Res Publica constituta, Stuttgart, 1988, p. 102 sq., à propos de la lex Cornelia de provinciis. Girardet, Entmachtung, p. 90, rejette en préambule de sa démonstration l'existence de la lex (Cornelia) de provinciis ordinandis, de 81/80, de Sylla, qui aurait, selon Mommsen, Staatsrecht H, Leipzig, 1887, p. 94 sq., privé les consuls de l'imperium militaire et qui transforma la promagistrature en fonction militaire régulière.
