PERCEVAL LE GALLOIS D'ERIC ROHMER ET SES SOURCES
Communication de Mme Giovanna ANGELI (Université de Florence) au XLVIe Congrès de l'Association, le 19 juillet 1994
Moyen âge = enfance. Voilà l'équation qui est de plus en plus mise en avant quand il s'agit d'interpréter le cinéma dont le sujet se veut médiéval. Ou moyen âge = rêve, ce qui revient à peu près au même, si l'on prend au pied de la lettre l'une des réflexions de Freud : « Les rêves reposent pour une bonne part sur les impressions laissées par des événements de la vie infantile...» (1). On a en effet, et peut-être à juste titre, perçu dans toutes les transpositions de roman ou légende remontant aux premiers siècles de notre millénaire, une pulsion vers l'univers enfantin. Ou vers l'idée que nous nous sommes formée du regard de l'enfance (2). Ainsi Lancelot du Lac de Bresson (autant que Les Niebelungen
(1) Cité par D. Dubroux (citation tirée de Die Traumdeutung), qui titre justement son article sur Perceval Le Gallois: «Le Rêve pédagogique» {Cahiers du Cinéma, 1979, n° 299, p. 42). Selon D. Dubroux, le film de Rohmer, qui repose «pour une bonne part sur les impressions laissées par les souvenirs scolaires de notre enfance», serait «la concrétisation d'une sorte de rêve pédagogique». (2) Voir notamment, de M. Zink, « Projections dans l'enfance, projections de l'enfance, le moyen âge au cinéma», dans Cahiers de la Cinémathèque (n° spécial: «Le Moyen âge au cinéma»), 1985, n° 42-43, p. 5-7.