D epuis plus de deux décennies, la cathédrale de Chartres a bénéficié d’importantes restaurations. Dans le cadre de son «Plan cathédrales » , la Direction régionale des affaires culturelles du Centre en assure la maîtrise d’ouvrage pour des travaux qui ont concerné aussi bien l’architecture et la sculpture que les vitraux. Les opérations ont été menées successivement par les architectes en chef des Monuments historiques en charge de l’édifice, Guy Nicot et, depuis 1999, Patrice Calvel. Au cours des années récentes, le financement de ces opérations considérables a été assuré en premier lieu par l’État, avec le soutien du Conseil régional du Centre, dans le cadre d’un contrat de projet État-Région, avec celui d’associations dynamiques qui ont su attirer le mécénat privé 1, mais aussi grâce à des crédits européens.

La restauration permettra, à terme, d’appréhender l’édifice sous un jour complètement nouveau. Les façades du transept et leurs sculptures ne présenteront plus une surface noirâtre encrassée par le temps et la pollution, mais auront repris la teinte naturelle de la pierre de Berchères pour les murs et supports, du calcaire fin de la vallée de la Seine pour les sculptures, et les vestiges de leur polychromie auront réapparu. Les vitraux ne seront plus opacifiés par l’épaisse couche de corrosion qui les ronge, car ils auront regagné leur luminosité et leur lisibilité et auront été protégés par des verrières de doublage. L’espace intérieur ne sera plus un antre sombre : non seulement les vitraux seront lumineux, mais les enduits et badigeons des parements et des voûtes auront retrouvé leurs couleurs d’origine, ocre clair et blanc 2.

Les vitraux

Après une première campagne, entre 1974 et 1976, qui n’a concerné que les trois fenêtres romanes de la façade occidentale, la restauration des vitraux a repris de manière active à partir de 1985 avec les baies basses de l’édifice, d’abord celles des bas-côtés de la nef, puis celles du chevet et des chapelles rayonnantes, ces dernières bénéficiant de verrières de protection. Ainsi, en 2006, la presque totalité de ce niveau avait été restauré 3. Parallèlement, les premières baies hautes de la nef, dans la travée occidentale, ont également fait l’objet de travaux en 1990 ; un peu plus tard, en 1997, on a restauré le majestueux ensemble de la façade septentrionale du transept formé d’une grande rose couronnant cinq lancettes. La restauration et la protection des vitraux se sont poursuivies à un rythme accéléré entre 2006 et 2010 avec toutes les fenêtres hautes du choeur, soit sept baies à lancette unique dans l’abside (fig. 1) et huit autres à deux lancettes et une large rosace polylobée dans les travées droites. Au cours des mêmes années, la grande rose du bras sud et les cinq lancettes qu’elle couronne étaient elles aussi restaurées (fig. 2). À ce jour, la grande majorité des vitraux de la cathédrale ont retrouvé leurs couleurs d’origine et leur lumière, et ils sont pour la plupart protégés par des verrières de doublage 4. Dans les années qui viennent, ce sera au tour des fenêtres du transept d’être concernées, la face orientale étant déjà programmée. La campagne qui vient de s’achever en 2010, c’est-à-dire celle touchant les fenêtres hautes du choeur et la rose sud du transept, mérite une attention particulière. En effet, ce sont surtout les fenêtres basses qui ont jusqu’ici été l’objet de recherches de la plupart des érudits, tant pour leur iconographie que pour leur style. Peu d’études, à l’exception de l’ouvrage fondamental du chanoine Y. Delaporte publié en 1926 5,

ont été consacrées aux fenêtres du niveau supérieur de la cathédrale. Quelques publications, cependant, ont concerné les fenêtres hautes du choeur, parmi lesquelles il faut distinguer celles de F. Perrot 6,

J. W. Williams 7 et I. Rauch 8, qui ont tous trois analysé le programme iconographique de cette partie de l’édifice sous des angles différents 9.

Une équipe du Centre André Chastel a pu examiner en atelier tous les vitraux des fenêtres hautes du choeur (baies 100 à 114) ainsi que ceux de la façade sud du transept. Une critique d’authenticité pièce à pièce a pu être ainsi établie. Mis à part les destructions du XVIIIe siècle, décrites plus loin, et le rétablissement des parties détruites à l’époque contemporaine, les résultats de cette critique montrent que les restaurations de diverses époques ont peu affecté l’authenticité des verrières dans leurs parties du XIIIe siècle.

Les restaurations anciennes

Les archives anciennes sont peu nombreuses et nous renseignent mal sur les interventions antérieures au XIXe siècle. Dans les fenêtres hautes récemment analysées, il ne subsiste aucune trace des travaux du XIVe siècle signalés par les sources. En revanche, la campagne de restauration entamée en 1415-1416, dont les débuts 3 RESTAURATIONS RÉCENTES À LA CATHÉDRALE DE CHARTRES

ET NOUVELLES RECHERCHES

Claudine Lautier *

Bulletin Monumental Tome 169-1 • 2011