DE L'ART ORIENTAL ANTIQUE A L'ART ROMAN
RECHERCHES SUR LA FAUNE ET LA FLORE ROMANES1
III L'aigle.
Les imagiers romans avaient une prédilection pour la faune fantastique ; ils ont multiplié dans les portails et les chapiteaux des églises les êtres composés de parties hétéroclites, tels que sphinx et sirènes, griffons, chimères et dragons. Mais ils ont aussi fait une place dans leur production aux espèces particulièrement décoratives de la faune réelle. L'aigle mérita ainsi à double titre de faire partie de leur répertoire, car il appartenait à la fois aux deux faunes, tantôt réel et magnifiquement décoratif avec ses grandes ailes éployées, tantôt chimérique avec ses deux têtes. Il apparaît fréquemment sous ces deux aspects dans la sculpture romane ; en outre, il y est sou¬ vent représenté tenant une proie dans ses serres (2).
(1) Y oir Bull, mon., 1935, p. 71 : Le sphinx, et 1936, p. 433 : Les sirènes.
(2) Nous avons exclu de cette étude l'aigle tenant un livre ou un rouleau de parchemin, symbole de saint Jean dans le groupe des quatre animaux entourant le trône du Juge, d'après la vision apo¬ calyptique. Cet aigle n'est pas un motif d'ornement, mais une figure significative, et, de plus, il fait partie d'un ensemble : on ne peut rechercher ses sources sans considérer le groupe tout entier.
