Une Atlantide en Méditerranée occidentale?

Dans l'excellente notice, dont Albert Rivaud a fait précéder son édition du tome X des Œuvres de Platon (Budé, 1966), après avoir constaté que le mythe de l'Atlantide avait successivement été tenu pour « vérité historique, transposition poétique de faits réels, allégorie, fiction pure et simple », le grand helléniste écrivait (page 29) : « La critique moderne s'est peu à peu désintéressée de ce problème insoluble. »

Insoluble^ Encore à résoudre certes, mais toujours proposé aux chercheurs, qui refusent d'accepter la défaite de l'esprit devant l'énigme. Deux hypothèses encore toutes récentes en font foi.

On essaiera ici d'en formuler une nouvelle.

En quoi consiste le problème de l'Atlantide?

Il s'agit de savoir si l'île immense, évoquée par Platon dans le Timée et le Critias « au delà des Colonnes d'Hercule », et dont les habitants, nommés Atlantes, auraient ^donné l'assaut, des millénaires avant l'ère chrétienne, à l'Egypte et à l'Égéide, a vraiment existé à la surface du globe ; subsidiaire- ment, pour qui admet son existence, où elle se situait, quand et comment elle a pu disparaître.

Les hypothèses sur ces divers points ont été très nombreuses. Aucune n'a convaincu tout le monde.

Le doute alors s'est généralisé : on n'a plus voulu voir dans l'histoire des Atlantes qu'un mythe, une fiction illustrant une pensée philosophique sous une forme romancée.

Pourtant certains critiques, adoptant une position moyenne ont estimé que l'intention philosophique, évidente et conditionnant maints détails du récit, n'excluait pas la mise en œuvre d'éléments réels, géographiques et historiques, ou empruntés à la protohistoire.

Ce compromis paraît avoir le plus de chances de se rapprocher de la vérité. C'est lui que nous adopterons.

L'aspect géographique de la question étant le plus souvent tenu pour seul intéressant (la partie historique, soit le conflit armé, reste à peine esquissée dans Platon), les recherches sur l'Atlantide commencent toujours par l'examen des repères topographiques, fournis par le récit. A l'inverse, nous essaierons de tirer du schéma de la guerre elle-même ce qu'il contient implicitement de significatif en vue d'une localisation. Nous croyons que certains détails engagent à écarter l'hypothèse la plus courante : celle qui met l'île dans l'Atlantique.

Admettons donc comme point de départ qu'un jour, selon