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Montaigne et la gloire

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Montaigne et la gloire *

De toutes les rêveries du monde, la plus reçue et plus universelle est le soin de la réputation et de la gloire, que nous épousons jusqu'à quitter les richesses, le repos, la vie et la santé, qui sont biens effectuels et substantiaux, pour suivre cette vaine image et cette simple voixqui n'a corps ni prise (I, 41).

Qu'y a-t-il de plus étranger aux préoccupations de Montaigne que la poursuite de la gloire ? Il a eu pour la dégrader les termes les plus durs. Or il est étonnant de la part d'un humaniste aussi versé dans les choses de l'antiquité et aussi passionné de Plutarque dont il avait fait son « bréviaire » dès la parution de l'édition Amyot (« Nous autres ignorants étions perdus, si ce livre ne nous eût relevé du bourbier » II, 4 — « C'est mon homme que Plutarque » II, 10), il est étonnant, dis-je, qu'il n'ait pas cherché à entrer dans le jeu d'apologistes de ia gloire aussi sérieux que Platon ou Cicéron, auxquels tout le théâtre de Corneille devait faire écho, au siècle suivant. Nous voudrions ici excuser le philosophe et dire pourquoi il a méconnu une des plus importantes notions qui aient, avec le patriotisme et le sens religieux, animé, exalté, haussé le monde antique jusqu'aux cimes de l'Histoire.

Montaigne parle un peu partout de la gloire ; il lui a consacré au moins un essai entier (II, 16). Il va de soi que son tempérament et sa philosophie n'avaient rien à voir avec elle.

Admirablement modeste, il a écrit son livre « à peu d'hommes et à peu d'années », il a attribué plus à la faveur du sort qu'à sa propre industrie le succès de sa double mairie, il n'a cessé d'accabler de reproches ou de sarcasmes les arrivistes de tous les temps, en particulier du sien, dévorés par le souci de la réputation et, comme il dit à propos de César, salis par « l'ordure de leur pesti- lente ambition ».

Humain entre tous, il leur a reproché d'avoir ensanglanté leur siècle, saccagé des générations de braves, appauvri leur pays de leur élite et condamné à des morts

glorieuses et belles, Mais sûres cependant, et quelquefois cruelles

des milliasses d'hommes dévoués, fanatisés par les ruses de la po-

• Étude publiée dans le Bulletin de la Société des Amis de Montaigne (n° 7 de 1958) et qui a étayé une causerie faite au cercle G. Budé de Saint-Dié, le aa novembre 1958, intitulée « Quelques réflexions d'un sculpteur amateur ».

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