Sur le Limes rhénan

Evocations littéraires (I)

Le pèlerin de Budé qui descend la Moselle jusqu'à Trêves n'est pas seulement charmé par la magnificence du fleuve qui promène ses méandres entre les deux rives couvertes de vignobles, ni par la richesse des souvenirs historiques qui revivent dans cette cité dont au me et au ive siècle Rome même prit ombrage ; il ne peut s'empê¬ cher de songer que des œuvres littéraires sont nées ici et qu'il vaut la peine de les évoquer, en ce voyage au pays du passé. Trêves a été non seulement alors une grande capitale, entourée d'une vaste enceinte, pourvue de bâtiments magnifiques : elle a été aussi un centre de culture où des orateurs gaulois, issus du pays même ou de régions proches, en particulier d'Autun, ont pris la parole devant les empereurs, en des occasions solen¬ nelles, dans le décor majestueux qu'une visite à travers la cité permet aisément d'imaginer. Il est impossible de séparer Trêves des panégyriques qui y furent prononcés, comme il est impossible d'oublier qu'à la fin des temps les beautés mosellanes ont vivement frappé deux poètes, Ausone et Fortunat.

Les lettres latines nous ont transmis une sorte de recueil des meilleurs discours d'apparat prononcés devant les empereurs entre 289 et 389, entre l'âge de Dio-clétien et celui de Théodose. Onze discours s'échelonnent sur cette période d'un siècle, mais l'éditeur de ce corpus a placé en tête un douzième discours, celui que Pline le Jeune prononça devant l'empereur Trajan, en l'année 100, pour le remercier du consulat ; il voulait sans doute ren-