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RECHERCHES ANTHROPOLOGIQUES
SUR LES OSSEMENTS RETROUVÉS
DANS DES URNES PUNIQUES
par M. MULLER, R. DEPREUX, P. MULLER et M. FONTAINE
II est peut-être prématuré de résumer en un travail d'ensemble les quelques travaux entrepris depuis 1947 à l'Institut de Médecine Légale et Sociale de Lille sur les documents qui ont été recueillis sur place en Tunisie par P. Cintas, Inspecteur des Antiquités tunisiennes, spécialiste de l'époque punique et par deux d'entre nous au cours d'une mission scientifique en 1948.
Jules Leclercq, dirigeant alors l'Institut de Médecine Légale et Sociale de Lille, ayant assisté à une réunion médicale à Tunis, visitait les environs, lorsqu'il tomba en arrêt à Carthage devant une excavation où travaillaient quelques manœuvres sous la direction de P. Gintas. Ces deux hommes firent très rapidement connaissance et l'archéologue exposa au médecin les difficultés anatomiques et anthropologiques qu'il rencontrait au cours de son étude (1). Il y avait là, enterrées, des milliers d'urnes apparemment funéraires. D'autres gisaient en d'autres sites tunisiens, en particulier à Sousse. Ces urnes contenaient des cendres, des débris osseux calcinés. S'agissait-il d'un cimetière d'enfants ou d'un lieu saint recelant dans son sous-sol des urnes remplies de cendres provenant de sacrifices humains ?
Ces hypothèses trouvaient dans l'histoire punique et dans les fouilles entreprises déjà des fondements certains. Aucune fouille tunisienne n'avait mis à jour des cadavres d'enfants au-dessous de 14 ans. On pouvait donc légitimement se demander ce que faisaient les Carthaginois des corps de ces sujets. D'autre part la tradition nous apportait la certitude que des sacrifices hu-
(1) V. Antony. Л propos des ossements du sanctuaire de Tanit à Cartbage. Revue Tunisienne, 1У24, p. 174.