TRAVAUX EXÉCUTÉS AU PHNOM KULEN

(15 AVRIL- 20 MAI I936)

Vérifier et compléter nos recherches sur l'évolution des motifs, recherches poursuivies jusqu'alors à Paris grâce aux documents photographiques, était le but principal de la mission dont nous avions été chargés en 1935-1936. Nous devions visiter les sites les plus connus et les musées, étudier les monuments les plus importants et les sculptures, en photographier les détails afin d'appuyer nos observations. L'objet essentiel de la mission n'était donc pas la découverte de nouveaux édifices ou l'exécution de fouilles. Nous espérions cependant prendre un contact plus profond et plus vivant avec les importants travaux de l'Ecole Française d'Extrême-Orient en y collaborant.

Nous avions, en partant, un projet qui fut approuvé par le Directeur de l'Ecole Française d'Extrême-Orient lors de notre passage à Hanoi. Il concernait la capitale que les Khmèrs avait quittée pour fonder Aňkor: Hariharâlaya (région de Rolûos), à 20 km. environ au Sud-Est ď Aňkor. Il nous semblait qu'un phénomène analogue s'était produit dans les deux capitales: de même que le Bàyon et les portes de la ville à Aňkor, édifiées vers la fin de la grande époque de prospérité de la cité, avaient masqué ses aspects plus anciens, de même, à Hariharâlaya, le seul groupe de monuments importants [Práh Ko (879), Bàkon (881), Lolei (893)], construits juste avant l'abandon de la capitale (avant 910), avait dissimulé, en quelque sorte, ce qu'avait été auparavant l'apparence de la ville. Or, cette cité de Hariharâlaya existait déjà quand le grand rénovateur de la puissance khmère, Jayavarman II, vint s'y installer avant 802. Il la quitta pour aller fonder la ville religieuse sur le Mahendraparvata mais y revint avant sa mort (854), Le roi suivant y résida, et c'est seulement sous son successeur, Indravarman, que le groupe Práh Ko, Bàkon, Lolei, fut commencé. De ce long et important passé, des traces devaient subsister. De nombreux sites archéologiques de la région de Rolûos (Hariharâlaya) sont indiqués dans l'inventaire de Lunet de Lajonquière; d'autres, qui semblent correspondre au style du VIIIe siècle, ont été récemment découverts par G. Trouvé. Nos études d'évolution des motifs devaient nous permettre de distinguer facilement trois périodes : la période d'avant 802 ; l'époque qui s'étend entre le retour du Mahendraparvata et l'avènement d'Indravarman (de peu avant 854 à 877) ; enfin, après 877, le style bien connu de Práh Ko. Nous pensions donc qu'en relevant soigneusement les moindres traces de sculpture sur les édifices signalés, même les moins importants,