DISCOURS
DE
M. LE COMTE DE LASTEYRIE1
A L'OCCASION DE LA
MORT DE M. CELESTIN PORT
Messieurs,
L'Institut n'a peut-être jamais traversé une période de deuil comparable à celle qui marquera les débuts du xxe siècle. Dix semaines ne se sont pas encore écoulées depuis le commencement de l'année 1901 et déjà neuf de nos confrères ont disparu de nos rangs.
L'Académie des inscriptions, qui avait, il y a quinze jours à peine, payé à la mort sa part de ce douloureux tribut, vient d'être frappée de nouveau. Notre confrère M. Célestin Port s'est éteint, après une courte maladie, à Angers, où il résidait depuis de longues années.
Il était né à Paris le 23 mai 1828 et appartenait à notre Compagnie, en qualité de membre libre, depuis le 11 novembre 1887. Sa vie entière s'est passée en province ; elle peut être donnée en modèle à ceux, si nombreux de nos jours, qui croient toute activité d'esprit et tout travail fécond impossibles loin de Paris. Mais c'est surtout aux jeunes générations qui sortent chaque année de nos grandes Écoles et prennent le chemin de la province en maugréant contre les rigueurs du sort, c'est aux jeunes savants appe-
1. M. de Lasteyrie, en qualité de président de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, a lu ce discours dans la séance du 8 mars 1901.