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Le mythe du marché

[article]

Fait partie d'un numéro thématique : L'exception américaine(2)
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Neil Fligstein

LE MYTHE

DU MARCHÉ

1 -Je l'ai montré dans le cas de l'évolution sur la longue durée du mode de contrôle des cent plus grandes entreprises américaines dans mon livre The Transformation oj Corporate Control, Cambridge, Harvard University Press, 1990.

2 - Par exemple, le marché des boissons gazeuses aux États-Unis est clairement dominé par deux firmes, Pepsi-Cola et Coca-Cola, dont la stratégie concurrentielle commune est de se disputer des parts de marché par le biais de la publicité et des offres promotionnelles. Cette domination partagée et les stratégies communes qui l'assoient durent depuis quarante ans.

3 - Ainsi, le gouvernement fédéral n'impose pas de taxe de vente sur les achats faits par l'intermédiaire de l'Internet. Cette politique est censée permettre à l'Internet de se développer plus pleinement comme moyen d'échange. L'octroi d'une réduction de prix de 5 à 8 % par rapport aux entreprises traditionnelles, dites « de briques et de mortier», constitue à l'évidence une politique préférentielle pour les vendeurs qui passent par la Toile.

;. artout de par le monde, on présente aujourd'hui l'économie des États- Unis comme un modèle de « libre entreprise » où la compétition est dynamique, les entreprises efficaces et les gouvernements des États et de l'Union aussi discrets que possible. Ces derniers se tiendraient à l'écart du «marché», ne favoriseraient pas d'entreprises, d'industries ou de technologies en particulier et, lorsqu'ils interviendraient, ce serait seulement en vue de garantir la pleine et entière liberté de concurrence. La réalité n'a pas grand-chose à voir avec cette vision, puisque l'État américain est, depuis l'origine, profondément impliqué dans le fonctionnement de l'économie nationale, et ce d'une façon qui n'est guère étrangère aux Européens1. La création et le développement de nouveaux marchés sont en effet rarement laissés aux seuls entrepreneurs ; ceux-ci bénéficient de l'appui continu d'un grand nombre d'institutions, tant privées que publiques. L'objet de cet article n'est pas de nier le rôle déterminant de l'entrepreneuriat et de la concurrence dans l'émergence de nouvelles industries, mais d'affiner notre compréhension en montrant que ces dernières ne pourraient se produire et se diffuser sans le soutien de structures sociales stables, et plus particulièrement sans l'action continue et multiforme de l'État fédéral. Deux facteurs essentiels conditionnent en effet les actions stratégiques des entreprises : le comportement de leurs concurrents et la capacité des États à définir ce qui constitue un comportement acceptable du point de vue de la concurrence, la principale préoccupation des dirigeants et des propriétaires des firmes étant d'assurer la stabilité de leurs interactions avec les principaux rivaux. Si l'entreprise réussit à établir un cadre d'interaction durable, et que celui-ci est légal et profitable, elle s'efforcera de perpétuer ce cadre et l'ensemble des stratégies associées. Les dirigeants et les propriétaires de toutes les firmes impliquées dans un marché donné développent ainsi des attentes précises par rapport au comportement de chacun, ce qui renforce et pérennise leur position dans le secteur2.

Le gouvernement américain façonne le fonctionnement des marchés de trois façons. Tout d'abord, il élabore et applique un ensemble de lois et de règlements bureaucratiques concernant la politique fiscale, le capital boursier et le passif des entreprises, les rapports salariaux, les brevets et les divers droits de propriété (matérielle, commerciale, intellectuelle, etc.), ainsi que la politique de concurrence. À la demande d'acteurs particulièrement influents dans une industrie, l'État interviendra éventuellement afin de favoriser ou de sauver certaines entreprises3. Ensuite, l'État peut acheter en vastes quantités (et, partant, favoriser) certains produits ou financer la recherche et le développement de certains procédés et marchandises, et, par conséquent, de certaines entreprises - aux États-Unis, le ministère de la Défense a toujours joué un rôle crucial à cet égard puisqu'une grande partie des innova-

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