charles suaud
En un peu plus de dix années, le tennis est devenu un jeu ordinaire. La construction de courts jusque dans les communes rurales, la retransmission télévisée des grands tournois ou encore l'association des instruments du jeu à la publicité d'objets de consommation courante (boissons, vêtements, etc.) ont renforcé la proximité physique et symbolique de ce sport et imposé l'idée que celui-ci était désormais accessible à tous. L'accroissement de l'offre de tennis et la transformation des images qui lui sont attachées ont agi efficacement sur la pratique elle-même en annulant des barrières qui écartaient certaines catégories sociales de joueurs potentiels. Le tennis vient aujourd'hui au second rang par le nombre de licenciés et figure parmi les spectacles sportifs télévisés les plus regardés (1).
Une telle évolution d'une pratique sportive - longtemps perçue comme "bourgeoise" - montre à l'évidence l'impossibilité d'attacher trop mécaniquement un sport à une classe sociale mais n'autorise pas à rejeter toute relation entre espace sportif et espace social sous prétexte qu'on a affaire à un "sport de
l-En 1986, la Ligue de football des Fays de la Loire comptait 135 670 joueurs licenciés tandis que celle de tennis en recensait 79 282 et celle de basket-ball 5 1 740. D'après l'enquote effectuée par l'Institut national du sport et de l'éducation physique (INSEP), le tennis a été regardé par 53,7 % des Français âgés de 12 à 74 ans durant l'année 1985 et le football par 55,3 % d'entre eux. Cf. P. Irlingcr, C. I.ouvcau, M. Métoudi, Les pratiques sportives des Français, Paris, INSKP, décembre 1987, t. II, p. 520.