Jean- Jacques LEDUC
L'image de la ville
dans la caricature indonésienne
Les kartun, que nous traduisons par «dessins d'humour» W, sont un genre très répandu dans la presse indonésienne. Différents des komik, ou bandes dessinées, ces «caricatures» ne délivrent à leur public quotidien ni mythes, ni fictions. Si les bandes dessinées développent, sur un mode narratif long, un thème où abondent images et figures de style dignes d'un scénario et des techniques de cinéma, le kartun, lui, s'inscrit le plus souvent sur une seule image, adopte un graphisme simple, sans volume et presque sans effets, pour s'en tenir au régime unique du commentaire d'actualité sur le mode comique et satirique. Il doit plus à la caricature qu'il plagie parfois et dont il emprunte toutes les techniques, qu'à la bande dessinée. Limité dans sa forme et dans ses codes stricts qui doivent rester lisibles et facilement accessibles à un public diversifié, le kartun est peu novateur, et quand il l'est, c'est au risque de voir son expression devenir hermétique. Par leur manque de génie créatif et leur évolution lente (2\ les dessins d'humour sont assez dépréciés aux yeux des spécialistes européens de l'image qui les considèrent comme un genre mineur.
En Indonésie, ces dessins apparaissent dans la presse des années trente. Les Hollandais, maîtres de l'information, importaient des vignettes tirées tout droit des journaux de métropole. Mais c'est avec la naissance d'une presse liée aux courants indépendantistes que le kartun accède à sa véritable place, place de qualité puisqu'il paraît généralement à la une.
A cette époque c'est un ton critique qui domine. Le comique, l'humour ne tiennent généralement qu'à la simplicité et à la réduction schématisée des personnages. Puis la critique s'émancipe et incite à l'insurrection,