Antiquités africaines t. 27, 1991, p. 21-31

LA RECHERCHE RÉCENTE

SUR L'ARMÉE ROMAINE D'AFRIQUE

(1977-1989)

par Yann LE BOHEC

J'ai publié il y a douze ans, sous le titre Archéologie militaire de l'Afrique du Nord - Bibliographie analytique 1913-1977, C.G.R.A.R., II, 1977, l'état des travaux intéressant l'armée romaine d'Afrique publiés durant cette période. Mon propos est ici de dégager les principaux axes de recherche discernables depuis, à travers cent soixante-cinq titres dont le recensement réserve quelques surprises.

Au chapitre des généralités, on me permettra de rappeler les deux ouvrages consacrés l'un à la IIIe Légion Auguste (n° 79 ; voir n° 73 et n° 124) et l'autre aux auxiliaires d'Afrique et Numidie (n° 80) dont M. Euzennat a déjà parlé. Quelques dictionnaires rendront d'immenses services, l'Encyclopédie berbère (n° 4) qui est en cours d'édition, la Kleine Pauly (n° 2) pour les sites, et le dictionnaire epigraphique jadis entrepris par E. De Ruggiero (n° 3) ; les pages de l'article « limes » consacrées à nos provinces viennent juste de sortir de presses, sous les signatures de N. Benseddik, de M. Malavolta et d'E. Fentress. Dans le genre des bibliographies commentées, on utilisera surtout les mises au point faites aux Congrès du « limes », à Budapest, à Cologne-Bonn et à Aalen, par M. Euzennat (n° 34, n° 35, n° 42), ainsi que deux articles d'A. Mastino (n° 95, n° 96) dont les contenus dépassent largement les titres, car ils se prétendent avec modestie confinés à l'epigraphie. Mentionnons encore les actes du colloque qui s'est tenu à Strasbourg en avril 1988 (n° 1) : ils ne sont pas encore disponibles, et il n'a donc pas été possible de les dépouiller (en 1989).

Une première surprise est causée par l'étude des sources car, malgré le petit nombre de chantiers actuellement ouverts, on publie encore des inédits, aussi bien dans le domaine de l'epigraphie que dans celui de l'archéologie. Certes, les collections de textes sont moins impressionnantes que jadis, mais les commentaires sont en général plus approfondis. Et si certains chercheurs publient leurs propres découvertes, d'autres retrouvent, dans les archives de prédécesseurs trop tôt disparus, des fiches qui font connaître des documents qui ont été parfois détruits après leur mise au jour. A ma connaissance, une seule publication présente et met en rapport des inscriptions et des monuments, tout en proposant du nouveau dans l'un et l'autre domaines ; il s'agit du petit article, prélude à un plus gros ouvrage, que J.-P. Laporte a consacré à Rapidum (n° 62). En ce qui concerne l'epigraphie, les dernières trouvailles permettent de mieux connaître des ensembles géographiques, l'Aurès (n° 103) et Cherchel (n° 86), mais aussi des types de documents, des ostraca (n° 94), des briques estampillées (n° 70) et des « diplômes » (n° 83, n° 88 et A.E., 1984, 529, trouvé à Baelo), et surtout des militaires, des légats (n° 82), un tribun (n° 92), un légionnaire (n° 1 1), un vétéran (n° 104) et un médecin (n° 93), l'un et l'autre auxiliaires. A.M. Rossi Aldovrandi a retrouvé à Ravenne une inscription mentionnant un vétéran de la Ire Cohorte Urbaine (n° 129).