Petite contrée de taillis marécageux d’environ 50 000 hectares située à l’est de la Dordogne1, la Double se trouve, dans la première moitié du XIXe siècle, dans une situation économique et sanitaire difficile : forêt dévastée, étangs mal entretenus devenus des étendues marécageuses, insalubrité latente, isolement du «pays » , agriculture vivrière «archaïque » , extrême pauvreté de la plupart des habitants régulièrement touchés par les fièvres paludéennes… Bien sûr, la situation n’est pas nouvelle, mais la nécessité d’assainir et de désenclaver la région s’impose rapidement sous le Second Empire, tandis que le rapport aux zones marécageuses, à la forêt et à l’hygiène évolue avec la création récente des Eaux et Forêts et le développement du courant hygiéniste. C’est en effet à cette période que sont assainies les Landes de Gascogne voisines, la Dombes… Pourtant, malgré ce contexte favorable, les autorités locales, départementales et nationales mettent du temps à se laisser convaincre de l’intérêt d’en faire autant dans la «petite Sologne du Périgord » 2. Cette entreprise laborieuse, achevée à la fin du siècle, doit en grande partie sa réussite aux initiatives et aux efforts des notables locaux, parmi lesquels quatre médecins, qui comptent respective-Corinne MARACHE*

ASSAINIR LA TERRE POUR SOIGNER LES HOMMES.

QUATRE MÉDECINS AU SERVICE D’UNE RÉGION HUMIDE AU XIXe SIÈCLE : LA DOUBLE EN PÉRIGORD

1. La Double (du nom de la forêt qui couvre cette région) comprend les cantons de Montpon,