André CONSTANT*
CHATEAUX ET PEUPLEMENT
DANS LE MASSIF DES ALBÈRES
ET SES MARGES DU IXe SIÈCLE
AU DÉBUT DU XIe SIÈCLE
Le massif des Albères correspond à la terminaison orientale des Pyrénées séparant les « deux Catalognes » et depuis 1659 à la frontière franco-espagnole. L'unité géographique de l'aire d'enquête se fait de part et d'autre d'une ligne de sommets qui démarre à l'est au pic de Costabonne (2164 mètres) et aboutit à l'ouest dans la mer Méditerranée, où elle forme sur quarante kilomètres une série de criques depuis Collioure au nord jusqu'à la baie de Roses au sud. Par son aspect inhospitalier et en raison d'un relief accidenté, cette micro-région est longtemps restée à l'écart des études consacrées aux secteurs de piémont plus densément occupés. Ce sont les plaines du Roussillon et de l'Empordà qui ont avant tout attiré l'attention des archéologues et des historiens. Les châteaux des Albères ont été l'objet de quelques recherches mais, en étant décrits sous un angle stratégique, la fonction militaire a occulté toute autre1. Il est vrai que la présence d'ouvrages fortifiés destinés à défendre les passages encaissés du massif est étroitement liée à un passé de frontière géopolitique et en cela stratégique. Frontière sud de la Narbonnaise puis, aux VIe et VIIe siècles de la Septimanie wisigothique ou Gallia gothica, le massif sert au LXe siècle de limite commune aux comtés de Besalû et de Peralada sis sur le versant et le
André Constant a soutenu en 1995 un D.E.A. d'histoire médiévale à l'Université de Toulouse-Le Mirail sous la direction de Pierre Bonnassie. Il poursuit des recherches sur l'occupation du sol et le peuplement dans la région des Albères au haut Moyen Age et à l'époque féodale.
* 34, avenue Paul-Girard, 10500 Dienville.
1. Pous (A. de), « Les tours à signaux des vicomtes de Castelnou et de Fenouillède au XIe siècle », Bulletin monumental, années 1947-1948, Paris 1949. D'après l'auteur, les châteaux seraient dès la fin du Xe siècle des tours à signaux assurant la sécurité du siège vicomtal. L'aspect stratégique est souligné aussi par Castellvi (G.), Les châteaux de l'ancien comté de Roussillon du Bas-Empire romain au royaume d'Aragon, mémoire de maîtrise, Université Paul- Valéry, Montpellier, 1982-1983. Même opinion dans la volumineuse collection des Castells Catalans (t. Il et III, éd. R. Dalmau, Barcelone, 1991) qui n'en demeure pas moins très utile.
