Michèle HENG*

LES FRESQUES DE MARC SAINT-SAËNS A TOULOUSE :

LA NAISSANCE DUNE VOCATION MURALISTE

Depuis son inauguration le 30 mars 1935, la Bibliothèque municipale de Toulouse a vu se succéder dans sa salle de lecture des générations d'étudiants et de chercheurs qui n'ont sans doute jamais porté beaucoup d'attention au triptyque de Marc Saint-Saëns. Quant à la fresque qui orne la salle de conférences du centre anti-cancéreux Claudius Regaud, elle était, jusqu'il y a peu, occultée par du papier peint.

Ces deux peintures à fresque, datées de 1934 et 1935, sont pourtant la manifestation éclatante du talent muraliste d'un jeune peintre toulousain de 32 ans qui connaîtra la renommée et la consécration internationale dans un autre domaine tout aussi lié au mur : la tapisserie. Ce n'est pas un hasard si Jean Lurçat, qu'il connaît depuis 1937, l'associe à ses recherches. Ils sont frères par leurs préoccupations : monumentalité dans l'approche du mur, élégance du trait, ambition du programme iconographique. Ces qualités, Saint-Saëns les possède et les manifeste dès sa première grande commande : Le Parnasse occitan de la Bibliothèque municipale.

Une formation toulousaine

Marcel Saint-Saëns (il ne prendra le prénom de Marc qu'en 1925) est né à Toulouse le 1er mai 1903. Par son grand-père, d'origine dieppoise, il est apparenté à la famille du musicien célèbre, mais sa mère et sa grand-mère sont languedociennes. « Je suis né à Toulouse et je me sens très profondément méridional »!, profession de foi qu'il ne reniera jamais. Ses parents, qui tiennent un commerce, ne voient pas d'un bon œil, tout au moins au début, la vocation artistique très précoce de leur fils, qui fait de bonnes études classiques au lycée de garçons de Toulouse. En 1917, il est dans la même classe qu'André Arbus, Pierre Frayssinet, le jeune poète dont nous reparlerons ; l'autre vieux copain, Joseph Monin, est dans une autre section. Dans une lettre rageuse à

Annales du Midi - Tome 100 - N° 182 - Avril-Juin 1988.