La parole et le geste :

les missions des Oblats en Provence

au milieu du XIXe siècle

par Bernard COUSIN

Une vie religieuse bien réglée a ses rythmes : prière quotidienne, messe dominicale, fêtes saisonnières, sacrements liés aux temps de la vie (baptême, confirmation, mariage, extrême-onction). La mission n'entre pas dans ce cadre programmé : temps fort de la vie religieuse, elle s'inscrit aussi en rupture du temps habituel de celle-ci. Autre rupture ou renversement : pendant la mission, ce sont les clercs qui vont vers les laïcs, et non pas l'inverse. Enfin l'acte missionnaire s'inscrit dans une perspective dynamique d'évangélisation, d'autant plus positive qu'elle plonge ses racines dans les premiers temps de la chrétienté. Qu'elle ait pour but un réveil religieux, une conquête, ou une reconquête des âmes, la mission apparaît donc comme une occasion privilégiée pour saisir « les clercs et la communication », comme nous y invite le thème de ce colloque.

Un document

Au début des Annales manuscrites de Notre-Dame de Lumières, se trouve un texte assez précis1 concernant la mission prêchée par les pères Honorât, Hermitte et Marcellin, Oblats de Marie Immaculée, à Entraigues sur Sorgucs, dans le département du Vaucluse, en 1837 :

« Cette mission fit époque. Jamais on n'avait vu pareil entraînement ; pendant un mois l'église ne désemplit pas soir et matin ; les hommes comme les femmes se rendaient aux exercices, prêches en langue provençale le plus souvent. Le