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Système Monde et système Terre

[article]

Année 1992 21-3 pp. 223-229
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Système Monde et système Terre

Olivier Dollfus

Université de Paris VII

Position du problème et définitions

L'humanité dans l'ensemble de ses interactions spatiales généralisées constitue le système Monde, qui a un siècle d'existence environ (O. Dollfus, op. cit.). Le système Terre, planète du système solaire, avec les lois physiques qui président à son fonctionnement, a comme singularité de permettre depuis plus de deux milliards d'années le développement de la vie sous forme de communautés végétales et animales en évolution permanente; la vie est possible grâce à l'existence de l'eau, de l'atmosphère terrestre et du rayonnement solaire. Par commodité on regroupe sous le concept de Nature l'ensemble formé à la surface de la Terre par l'écorce terrestre, l'hydrosphère, l'atmosphère et la biosphère. Comme l'écrit Godelier, l'homme a une Histoire parce qu'il transforme la Nature et qu'il en exploite les éléments après les avoir identifiés, répertoriés, et localisés. D'où une différence majeure avec les autres mammifères qui consomment de l'oxygène, de l'eau, des nutriments, rejettent du CO2 par la respiration, défèquent et urinent: les hommes, depuis qu'ils constituent des sociétés, transforment des éléments de la Nature. En témoignent les défrichements, la fabrication des terres agricoles, parfois leur dégradation par l'érosion, l'utilisation des eaux, l'aménagement des bassins hydrographiques, la production de variétés et d'espèces nouvelles avec la domestication des plantes et des animaux, l' élimination de quelques espèces, surtout animales, les retouches apportées à la topographie par les infrastructures, les villes, l'habitat. Depuis la révolution industrielle mais

tout depuis l'accélération des croissances consécutives à la mise en place et au développement du système Monde (croissances démographiques, des productions, des consommations d'énergie, de matière, etc.), les effets des actions humaines sur la Nature sont renforcés, notamment par les activités chimiques liées aux productions d'énergie et de biens, par la radioactivité artificielle et la production des déchets de toutes sortes, etc.

Une situation nouvelle dans les rapports Humanité/Nature

H y a donc là, historiquement, une différence majeure dans les rapports entre l'Humanité et la Nature. D'où des interrogations nouvelles sur les rapports entre l'humanité et différents composants de la nature, notamment l'atmosphère, et de la biosphère. Ces interrogations vont de pair avec les progrès dans la connaissance de la planète Terre et de ses équilibres dynamiques: mesures de plus longues durées dans des stations météorologiques, plus nombreuses et mieux contrôlées, progrès des connaissances dans la chimie et la physique de l'atmosphère comme des océans, de leurs circulations internes, de leurs échanges, possibilités d'observations en continu de la Terre par des satellites grâce à l'instrumentation embarquée (spectromètres, etc.); capacités de traiter massivement par l'informatique de plus en plus de données et progrès des modélisations des évolutions climatiques, des grands échanges océan-atmosphère. Les connaissances des climats du passé progressent par l'analyse des glaces des inlandsis, des carottes prélevées dans les fonds des mers et

Olivier Dollfus

Olivier Dollfus

Université de Paris VII

Position du problème et définitions

Une situation nouvelle dans les rapports Humanité-Nature

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