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Victor Hugo et la métamorphose du roman

[article]

Année 1988 60 pp. 109-114
Fait partie d'un numéro thématique : Hugo-Siècle
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René JOURNET

Victor Hugo et la métamorphose du roman

Je voudrais esquisser une très sommaire caractérisation de la forme romanesque chez Victor Hugo, puis rechercher dans son époque les résonances, ou plutôt les consonances, à des accents qui me paraissent en leur temps nouveaux. Je n'espère pas, ce faisant, apporter de surprises aux connaisseurs de son œuvre, ni même à l'ensemble des gens cultivés ; prolongeant le propos de France Vernier *, je pense bien plutôt rendre ainsi hommage au grand créateur de formes qu'il était.

Au début de l'exil, il semble que se clarifie, chez Hugo, une certaine conception de l'œuvre littéraire, qui est de rechercher une simulation du réel dans sa globalité. L'individu, la sociétéT la nature et la surnature qui se confondent en partie doivent avoir leur place dans chaque œuvrev Chaque œuvre, avec un point de départ différent, recommence la même tentative, ce que la préface de La Légende des siècles appelle « un poème~ôù"se_ réverbère le problème unique, ťEtre »,. L'exemple le plus ancien ^pourrait bien être, avant même Les Châtiments, Napoléon le petit. Des œuvres aussi diverses que Les Contemplations, William Shakespeare, Les Chansons des rues et des bois ressortissent à la même ambition, et, aussi, en premier lieu, les romans. Le 13 mars 1862, Hugo écrit à son éditeur, Lacroix, au sujet des Misérables _: « Ce livre [, ] r'pgt 1g niMp ; p'ffit un vafitc ^ fl^

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C'est sur ce roman surtout^mais laugjgjjsur lesjjajjgjjuije suivent, que portera

Ce qui frappe d'abord, c'est une composition en profondeur. Au premier plan des personnages d'un dessin appuyé, tous en quête de leur salut personnel, fortement reliés par une intrigue unique. Hugo a même résisté, à la fin, à la tentation de multiplier les liens : ainsi Cosette enfant devait assister au mariage de son père, les trois compagnes de Fantine plongeaient dans la prostitution, et Gavroche était mis en joue par le coiffeur dont il avait brisé la vitrine.

Derrière eux, autour d'eux, de vastes plans d'ensemble présentent des types sociaux ou des aspects de la société : le saint, la défaite, la prière, le couvent, le gamin, la pègre, l'argot, l'égout, etc. Au-delà encore, et plus rarement, comme entre deux nuages apparaît ce qui dépasse l'humanité, voire la vie terrestre et, symétriquement, l'intérieur de l'âme humaine, « abîme plus profond > que l'océan. Ces plages descriptives ou contemplatives cassent délibérément le fil narratif. La place de chacune de ces с digressions », en rupture avec le contexte, pose au lecteur le problème de son sens. Ainsi Waterloo ouvrant le roman, conformément à la chronologie

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